le 26 sept. 2021
La fabrique du héros
Que Julianes Sturz in den Dschungel soit réalisé et raconté par Werner Herzog le tient écarté de tout pacte autobiographique et des lois qui le régissent ; aussi le postulat adopté par le long...
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---Note : cette chronique fait suite à celle de Little Dieter needs to fly du même réalisateur. Elle en est son pendant et son complément--
" (...) Ou bien encore le film avec Juliane Koepcke, Wings of hope : je le dis dans le commentaire, c'est aussi un projet qui dormait en moi depuis de très nombreuses années. J'ai été si prêt de partager son sort... En 1972, je devais être dans le même avion qu'elle, mon billet était réservé. Mais tous les avions de la compagnie aérienne s'étaient crashés au cours des deux années précédentes. C'était le dernier appareil et il n'y avait pas assez de places pour tout le monde."
Werner Herzog, entretien avec Hervé Aubron et Emmanuel Burdeau, ed. Capricci, p.51.
Tout comme l'histoire de Dieter, celle de Juliane frôle également l'histoire personnelle d'Herzog et sa propre vie puisqu'à l'origine, les deux devaient être sur le même avion, le cinéaste devant tourner alors son Aguirre. Herzog ne pu prendre le vol. Par la suite, ironie du sort (la même qui fait frôler des avions et hélicoptères près de Dieter dans la jungle sans qu'on ne puisse jamais alors le repérer ! Là aussi un moment repris dans le film Rescue Dawn), le cinéaste remarquera avoir tourné des plans d'Aguirre non loin de là où Julianne au même moment errait seule dans la jungle ! Assez inquiétant non. Surtout quand on sait qu'elle aurait pu y rester.
A nouveau Juliane et Dieter se ressemblent, rescapés d'une expérience extrême, ils ont appris à l'enfouir en eux pour survivre et dans les deux cas on remarque un Dieter troublé de revivre certaines choses (le passage éprouvant de la mort de son ami, on le sent près à s'effondrer en pleurant. Par pudeur il détourne alors à plusieurs reprises la tête et reste à contempler le pont et la route près de lui. A tel point que Herzog le laisse comme ça sans intervenir. On comprend ensuite à la nuit tombée que le cinéaste a continué à tourner, laissant l'homme dans ses souvenirs tristes, ayant probablement juste au montage enlevé les plans du jour finissant) et une Juliane dont la supposée carapace se craquelle lentement.
Dans un cas comme dans l'autre dans l'extrême fatigue, leurs frontières entre le réel et l'illusion s'en trouvèrent à chaque fois brouillées, les hallucinations, les rêves, Herzog leur fait raconter cet aspect là, ce non-dit, aussi fascinant que ce qui filmé du réel.
Ce sont d'ailleurs presque les meilleurs moments de ces deux films brillants : quand Herzog fait triompher un autre monde, presque palpable, à la limite de l'onirique comme dans ses films de fiction. Sauf qu'ici le rêve se déroule presque par extension dans le mental d'un spectateur médusé. Arriver à nous donner de telles images sans avoir besoin de le filmer, c'est en somme que le cinéaste est passé maître de son art.
Un superbe documentaire à voir en même temps que Little Dieter Needs to fly (ça tombe bien, Potemkine les a regroupés tous deux sur le même DVD). Indispensable !
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Créée
le 29 août 2018
Critique lue 163 fois
le 26 sept. 2021
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