le 26 sept. 2021
La fabrique du héros
Que Julianes Sturz in den Dschungel soit réalisé et raconté par Werner Herzog le tient écarté de tout pacte autobiographique et des lois qui le régissent ; aussi le postulat adopté par le long...
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Le 24 décembre 1971, le vol Lansa 508 s’écrase et disparait dans la jungle péruvienne. Parmi les 92 passagers, une seule survivante, Juliane Koepcke, dix-sept ans à l’époque, erre onze jours dans la forêt avant de rejoindre un village le long du fleuve.
Vingt-sept années plus tard, Werner Herzog retourne dans cette forêt sud-américaine avec Juliane, afin de retrouver les restes de l’épave de l’avion (trois expéditions furent nécessaires), retracer les circonstances du drame et refaire l’épopée effectuée par la jeune femme pour sa survie.
Il s’agit avant tout de capter les souvenirs de la miraculée, de voir la profonde blessure que cet événement a imprimé en elle. La perte de sa mère – qui l’accompagnait dans l’avion – et celle de l’entièreté des autres passagers. Et comment vivre seule avec cela ? Comment découvrir ce monument aux morts qui fait référence au crash et son unique survivante plutôt qu’aux 92 âmes dévorées par la jungle ?
Idée géniale qui rend le projet aussi improbable qu’exaltant : il se trouve qu’Herzog avait réservé ce vol vingt-sept ans auparavant puisqu’il tournait Aguirre, la colère de dieu au Pérou. Il se trouvait dans le même aéroport en cette veille de Noël et à la suite d’annulations de vols il n’avait pu obtenir son billet pour celui-ci. Bien sûr, ceci tient de l’anecdote tant l’attirance d’Herzog pour ces récits fous sur des survivants, sur des anomalies marginales, suffit à en faire un sujet typiquement herzogien. Mais l’anecdote résiste malgré tout, fait de lui aussi un lointain rescapé, qui n’aura pourtant pas eu à traverser la jungle pour s’en tirer et pourtant il y était puisqu’il tournait son film (son chef d’œuvre) sur des conquistadors en quête d’un eldorado à quelques kilomètres de là où Juliane tentait de survivre seule dans la jungle.
Ici il ne s’agit pas de parler de héros, de courage ni d’exploit. Il faut recontextualiser le miracle, raconter que Juliane tient sa survie à sa connaissance aiguë de la jungle (puisqu’elle y a grandi) et qu’elle a moins craint les insectes, piranhas, crocodiles ou raies venimeuses, encore moins les intempéries et la faim (boire lui suffisait) qu’elle s’inquiétait d’une plaie (héritée lors du crash) à l’épaule, qui s’infectait au fil des jours. Juliane & Herzog se moqueront par ailleurs d’une fiction de seconde zone inspirée de son récit, accentuant ses combats contre les caïmans, sa peur de la forêt, joué par une actrice sans talent : on en verra des images, ça a l’air fabuleux…
C’est une nouvelle fois un film incroyable, tout en digressions et poésie, sur les forces humaines insoupçonnés, sur les traumatismes, sur les miracles impossibles. Et sur une nature infinie, aussi protectrice que dangereuse, minérale et onirique. Sur une communion magique – puisque c’est un mot qui revient souvent dans la bouche de Juliane Koepcke – entre une femme et « sa » jungle.
Créée
le 14 oct. 2025
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