“A l’ombre d’une jeune fille en fleurs” 

Sur scène, Stella donne tout ce qu’elle a. Avec tant d’autres, elle rêve d’être choisie pour intégrer les Amandiers, école de théâtre renommée, sous l’égide du fameux Patrice Chéreau.


Pour impressionner la garde des recruteurs, on crie, on pleure. On s’asperge de ketchup, malmène partenaires et professeurs. On montre ses seins ou se dévoile sans culotte. Il n’y a pas de limites quand la fièvre artistique vous emporte.


« Faut-il être exhibitionniste pour être actrice ? » Valeria Bruni Tedeschi (se) pose la question, elle qui a le plus souvent mis en scène sa culpabilité dévorante de pauvre bourgeoise riche. Là encore, elle fait jouer sa mère et donne le rôle du vampire adoré à un ancien amour, Louis Garrel très à l’aise dans les habits du maître de cérémonie qui se fait désirer. Mais, pour une fois, la comédienne n’apparaît pas devant la caméra. Afin d’affronter l’angoisse du temps qui passe, une cure de jouvence est essentielle, tout comme son envie de transmettre. Retour ainsi dans les années 80 où la réalisatrice fut elle-même un fruit des Amandiers. Son reflet en ce miroir se nomme Nadia Tereszkiewicz. Lèvres pulpeuses, blondeur éclatante, grands yeux azur et talent indéniable transpercent l’écran. Autour de l’aspirante déferle une vague de jeunesse rafraîchissante qui rappelle davantage les recrues new-yorkaises de Fame que les académiciens de TF1. Ici la gloire se paie aussi en une seule monnaie, de la sueur. 


Mais dans ce jardin des délices, certaines racines dégagent une toxicité. Poumons enfumés, cocaïne dans les narines, veines piquées, séduction forcée. On s’embrasse, on baise et enfante, alors que l’ombre de SIDA plane et tue. L’Eros devient pulsion de mort, transformant les souvenirs vivifiants en une romance tragique plus emphatique. Jouer brûle et rend fou, avertit le vieux majordome. Quant à la polémique actuelle impliquant l’acteur principal, elle empoisonne aussi le film. De l’arbre, l’amande douce est tombée.


(7/10)                                                                                        

twitter.com/cinefilik 

cinefilik.wordpress.com

CineFiliK
7
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2022

Critique lue 17 fois

1 j'aime

CineFiliK

Écrit par

Critique lue 17 fois

1

D'autres avis sur Les Amandiers

Les Amandiers
Sergent_Pepper
7

Le sillage des comédiens

Valeria Bruni-Tedeschi n’en aura vraisemblablement jamais fini de parler d’elle-même. Sans ordre chronologique, son œuvre autobiographique s’attache, avec les Amandiers, à une période de sa jeunesse...

le 17 nov. 2022

37 j'aime

1

Les Amandiers
Fleming
7

Au joli temps jadis des Amandiers en fleurs

J'étais à l'Avant-Première du film, au tout premier rang comme souvent, et j'ai donc eu, le temps de sa présentation, Valéria Bruni-Tedeschi (VBT) à quelque quatre mètres de moi. Elle n'a d'ailleurs...

le 20 nov. 2023

24 j'aime

9

Les Amandiers
Alsh74
3

Les Amandiers

Le film retranscrit avec peu de subtilité l'adolescence de Valeria Bruni Tedeschi et suit une promotion de l'école de théâtre des Amandiers.Les premières séquences du film montrent différents...

le 14 juin 2022

20 j'aime

1

Du même critique

Dans la brume
CineFiliK
5

“Sur les toits de Paris”

Mathieu vient tout juste de retrouver Anna, son ex-femme, et Sarah, leur enfant-bulle, quand un tremblement de terre secoue Paris. Une brume menaçante envahit la capitale. Comment survivre ? Colère...

le 7 avr. 2018

10 j'aime

6

Compétition officielle
CineFiliK
7

“Le bal des acteurs”

Désirant marquer l’histoire à la hauteur de ses moyens, un millionnaire décide de financer un film. Il engage Lola Cuevas, cinéaste en vogue, qui réunit pour la première fois sur un plateau Felix...

le 23 mai 2022

9 j'aime

Les Dents, pipi et au lit !
CineFiliK
4

“Les femmes et les enfants ensuite”

La vie pour Antoine, le célibataire, c’est du champagne à gogo, des bombances jusqu’au matin et un défilé de filles en chambre. Mais quand son colocataire le quitte pour New York, laissant sa place à...

le 23 mars 2018

9 j'aime

2