Les Amoureux, premier long-métrage de la réalisatrice suédoise Mai Zetterling, est une œuvre pour le moins singulière, notamment dans son premier acte. Celui-ci suit simultanément trois femmes, dont les flashbacks retracent les parcours de vie respectifs. Les scènes s’enchaînent à un rythme soutenu, et l’on se retrouve rapidement un peu dépassé par cet amas d’informations et par des effets de style parfois trop appuyés.
Heureusement, le récit gagne en clarté dans sa seconde moitié, lorsque les trois protagonistes se retrouvent réunies dans un château au cours d’un long flashback. Le temps semble alors se dilater, permettant à la réalisatrice d’approfondir ses personnages et d’installer une atmosphère plus maîtrisée. Les thématiques abordées y sont multiples : la condition féminine dans une société patriarcale, les influences de la psychanalyse freudienne, ou encore l’hypocrisie de la bourgeoisie.
L’un des aspects les plus fascinants de la mise en scène réside dans sa perversion sous-jacente. L’innocence y est constamment corrompue par le vice : des paysages idylliques, tout droit sortis d’un jardin d’Éden, servent de décor à des actes triviaux, tandis que chaque début de scène semble annoncer une nouvelle forme de violence. On peut y voir la volonté de Zetterling de révéler la bestialité latente des êtres humains, dissimulée sous les apparences policées de la société.