Les premiers plans sont renversants de beauté. La précision du cadre, la photographie, cette manière d'introduire un calme apparent par le prisme d'une magnifique villa posée au milieu du maquis, villa que nous retrouverons dans une dernière scène édifiante, les deux séquences se répondant pour encadrer la tragédie qui se jouera sous nos yeux pendant un temps très court, mêlant le réalisme à l'improbable, le naturalisme à l'absurde, tout concourt à faire de ce film un bel objet cinématographique.

Le séquence suivante fait penser à la scène d'ouverture de It felt like love. Mais à l'inverse du film d'Eliza Hittman, celui de Thierry de Peretti tient ses promesses. S'inspirant d'un fait divers tragique, le réalisateur construit un film dur à la sécheresse assumée, sur fond de racisme latent, d'inégalités sociales et de soif de vivre.

Teen movie aride et esthétique, Les apaches reprend le récit classique du grain de sable qui fait tout dérailler. Le "petit écart" du début va rapidement prendre des proportions gigantesques, que les personnages vont essayer de gérer sans y parvenir. Parcours initiatique dans lequel chacun(e) tente de suivre sa route, avec pour objectif commun de mieux vivre, le film prend peu à peu le chemin de la tragédie.

La scène qui a inspiré le film, que certains trouvent à raison improbable, mais à tort non réaliste, est impressionnante de justesse tant elle n'occulte aucune des maladresses de personnages totalement dépassés par ce qu'ils font. Ce qui suit va dans le même sens. Gamins perdus, tentant de réparer l'irréparable, les personnages agissent comme des pantins, incompris d'eux-mêmes, invisibles aux autres.

S'appuyant sur un scénario solide, avare de mots et fuyant toute explication, maîtrisant une mise en scène d'une beauté formelle impressionnante, aidé par de jeunes comédiens sobres et retenus, Thierry de Peretti signe avec Les apaches un premier long métrage universel et singulier.

Complètement irréelle, absurde et miraculeuse, la dernière séquence est magnifique jusque dans son mystère.
pierreAfeu
8
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le 23 août 2013

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pierreAfeu

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