Aux racines de la carrière de réalisateur de Fritz Lang, on trouve ce presque premier film (troisième en réalité) muet qui peine à convaincre dans les grandes lignes. Ce premier volet d'un serial qui devait en compter quatre (la production arrêta les frais au bout de deux) sort quelques années après d'autres comme notamment "Les Vampires", "Judex", ou "Fantomas" de Louis Feuillade, et force est de constater que Lang y a puisé énormément d'inspiration. Dans ce premier volet du feuilleton "Les Araignées" sous-titré "Le Lac d'or", un gang criminel au nom éponyme étrange partagent la même passion pour les collants et vêtements noirs que les vampires éponymes, et il est bien difficile de ne pas voir dans le personnage féminin maléfique de Lio Sha le reflet de celui de Irma Vep...
Chose surprenante, il s'agit de l'adaptation par Lang lui-même de son unique roman, dans lequel le protagoniste est un riche Américain découvrant un message dans une bouteille jetée à la mer — c'était 6 ans auparavant, par un homme désespéré — lors d'une course en bateau, et le voilà lancé dans une carrière d'aventurier, à la recherche de cet archéologue disparu au Mexique. Sur les traces d'un trésor incas, la compétition est présentée comme féroce d'entrée de jeu : la société secrète des bandits dirigée par Lio Sha lui subtilise le message et le laisse inconscient (pourquoi ne pas l'avoir tué, on ne sait pas trop).
Le film joue la carte de l'exotisme à fond une fois que les différents intervenants parviennent à pénétrer cette société (Mayas, Aztèques, Incas ? on ne sait pas trop), avec des personnages de méchants étrangement plus construits que les autres. Décors fastes, costumes et accessoires à foison, sacrifices rituels... C'est un peu des aventures à la Indiana Jones avant l'heure, une sorte de Tintin muet, dans l'esprit et le ton des feuilletons de Feuillade. Malheureusement le rythme du film (resserré sur 1h10 à peine) est un peu trop frénétique, on passe sans transition d'une baston à un repos, d'une querelle à un sacrifice, avec des rebondissements défilant de manière ultra-rapide qui gâchent assez largement l'expérience de ce premier segment.