Gérard Oury avait pris des risques insensés avec cette comédie brocardant l'intolérance et le racisme au sens large. Partant d'un postulat simple mais terriblement efficace, Les Aventures de Rabbi Jacob mettait en scène la caricature du français moyen raciste et plein de préjugés sous les traits de l'irrésistible Louis de Funès alors au firmament de sa carrière et le transposait dans la peau d'un Rabbin malgré lui faisant perdre son intolérance par la même occasion. Mené tambour battant le film culte d'Oury ne laissait jamais la place à l'ennui en rebondissant sans cesse de la première à la dernière minute, le spectateur étant balloté d'une situation cocasse à une autre encore plus saugrenue sous la forme d'un Road Movie aussi inventif sur la forme (La séquence dans l'usine de chewing-gum par exemple) que profondément subversif sur le fond (La poignée de main entre un juif et un arabe par exemple). Et c'est en celant que ce long métrage est une perle rare du cinéma français, dans sa capacité à divertir tous les spectateurs grâce à sa créativité permanente et à faire réfléchir grâce à son sous-texte prônant la tolérance et le respect de chacun quelque soit son origine ou sa religion. Et que dire de la partition d'un Vladimir Cosma en état de grâce collant parfaitement au film et lui conférant une ambiance aussi jubilatoire que foncièrement folklorique. Du grand art en somme et une comédie qui est entrée au panthéon du cinéma français au même titre que la danse hassidique d'un Louis de Funès en pleine transe communicative pour les siècles à venir.