Les Aventuriers du Système Solaire
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Les Aventuriers du Système Solaire

Long-métrage d'animation de Park Seung-cheol (1985)

Mmmpffffff... bon, j'vais mettre un peu de musique.


Comment parler de ça.
Ce truc.
Cette horreur sur VHS sortie de l'esprit d'un propagandiste malade.
Parce que question inexplicable, ça se pose là, quand même. Un tel degré de nulitude, de manichéisme barbare et de naïveté le tout exécuté par des tâcherons j'menfoutiste ça tient du miracle.


Si tu veux, Les Aventuriers du Système Solaire c'est à l'animation ce que Virus Cannibale est au film de zombies.
Un monument, un cap, un roc, que dis-je, une péninsul(t)e.


Une bobine à voir, mais surtout pas sobre, bien accompagné et en VF pour décupler le plaisir, un plaisir fait d'hilarité coupable, de visuel aléatoire, de plans incompréhensibles sur des forêts, avec des zooms dynamiques, une image qui saute, s'assombrit tout d'un coup.


Enfin, mon job ici ça va être de donner l'envie, de te mettre l'eau à la bouche pour que tu regardes cette bobine et que tu me remercies - ou bien que tu m'insultes et me bloque à vie pour mes goûts cinématographiques douteux.


On commence par le commencement, le début en prise réelle, caméscope à l'épaule et pixels à l'écran. On s'attarde inexplicablement sur la flore coréenne, plan de forêt de cinq minutes avant d'apercevoir trois bidasses nord-coréens qui feront office de méchants z'espions pas très discret.


Les comiques entrent dans une maison de "méchants capitalistes contre-révolutionnaires" occupée présentement par deux gosses abandonnés par leurs parents, parti « faire des courses ». Passons sur la voix de pédophile des soldats - chapeau aux doubleurs français, à ce niveau c'est de l'art - et sur l'inexplicable choix d'un homme adulte pour le doublage du petit garçon.


Scène d'anthologie, les dialogues surréalistes amènent des double-sens hilarants tandis que les répliques des gamins sont juste à mourir de rire.



-Voyons petit, ce que votre professeur vous a dit n'est pas vrai, nous sommes des gens paisibles
-C'est pas vrai, vous mentez ! Nous connaissons des communistes et ils sont tous cruels, de plus ils mentent tout le temps alors !



Les gamins, résistant aux trois soldats, se font un peu gratuitement fracasser l'occipital à grand coup de crosse.
On nous l'avait dit dès le début, les communistes sont méchants, très méchants.
Pas faute d'avoir prévenu les gosses, ils n'avaient qu'à faire gaffe.
Mais Foucaut ( le choix des prénoms est formidable, sa sœur s’appelant Cindy) l'enfant-adulte parvient à taper une petite randonnée pour venir mourir dans les bras des voisins, signalant héroïquement la présence des espions.


Oui.
Farpaitement !


Pendant ce temps, une bande de mômes taquinent le goujon au bord d'un lac, accompagnés de leur enseignante, charmante dame qui désire probablement attoucher les pauvres chérubins. Parce que les bruitages, franchement, c'est limite pornographique
"Ooooooh"
"Aaaaaaaah"
Il y a aussi un bigleux énervant au possible et un petit gros, Bouboule, qui a probablement mangé la totalité des poissons du lac. Je passe encore sur les doublages, c'est juste un délice pour les oreilles.


Ils s'endorment non loin d'une fusillade, posés les mômes et sont alors transportés dans un film d'animation. Enfin, d'animation. Dire qu'un an avant sortait Nausicaä quoi. Les gars.
Merde.
Que c'est moche.


Bref, Seung-cheol Park décide alors de nous gratifier d'un visuel des plus dégueulasses et jette aux orties toute logique, cohérence, trame narrative.
Dieu que ça devient bordélique. Un trip hallucinant au pays des Megazord et autres robots géants.


Parce que des extra-terrestres enfants arrivent dans un hélicoptère, tombent dans le lac, se font repêcher et sympathisent immédiatement avec les petits terriens.
Après un dialogue d'exposition des plus artificiels et pathétiques, on apprend que le grand méchant de leur planète, un alien du nom de Siporta, qui a fait tout plein de déchets nucléaires partout est venu sur terre dans le but avoué de devenir empereur de l'univers en s'alliant avec...
J'te le donne en mille émile, les odieux communistes. Les méchants de notre monde.


Oui c'est pas bien fin, mais la qualité du métrage réside surtout dans le visuel.
Et vazy que les couleurs des robots changent, que je te colle des coupures aléatoires, que j'allonge artificiellement une scène de poursuite mollassonne en répétant les images au premier plan. Une bonne dizaine de fois !
Vazy que les morts ne s'effondrent pas mais deviennent transparents, que le verre du méchant soit vide puis plein le plan suivant, et je te ressert un peu de ralentis avec ton animation des années cinquante raide comme une trique.


Que c'est laid, que c'est idiot. Les robots changent parfois de taille, la notion de perspective était inconnue des dessinateurs coréens, le bon goût aussi. Un robot de huit mètres de haut s'infiltre dans un camp de soldat, posé bonhomme, personne ne voit rien et les gardes se font tuer à la main, en silence. Snake n'aurait pas fait mieux.


Le background est sans cesse réexpliqué par les méchants, et on s'en fout. L'armée Nord-Coréenne équipée de laser se fait démonter par une bande de primaires accompagnées d'enfants aliens incompétents au prénom francisé ridiculement drôle. Marc. Sérieusement. Il est roux en plus.
Double-peine !


Oh, et les méchants aliens sont censés être des soviétiques-chinois, ils portent une chapka mais ils ont les yeux bridés et le regard chassieux des méchants chinois. Subtile.
Puis des scènes de campings de qualité frôlant la campagne de promotion pour le cassoulet qui achèvent la logique de ce film et te laisse exsangue, vidé de toute ton intelligence, la bave aux lèvres et le regard vitreux, dans un état de bonheur béat.


Puis une éjac' faciale, quand même. La scène de torture complètement gay-friendly.
Subliminal, ce film, j'te l'dis.


Et en bonus, petit medley de répliques :
Madame, elle a dit que j'étais plus gros qu'une vieille grand-mère ! Avec une voix de petit gros.


Je pense que les poissons savent que les espions sont dans le secteur, c'est pour ça qu'ils se cachent.


Mais peut-être devons nous nous présenter, n'est-ce-pas !? Avec une voix de petit bourgeois.


Allons attaquer les communistes par derrière, et nous pourrons les surprendre
-Ouais

Avec une motivation à toute épreuve.


Shank est notre plus graaand ennemi, il a récupéré un logiciel quand nous avons capturé le robot canon. Si nous pouvons récupérer ce logiciel vous n'aurez plus d'obstacles entre vous et la réussite. [...] Vous devez comprendre que le créateur des robots-canon est Shank et notre plus grand ennemi ! Il s'appelle le docteur Catigo. Lui et ses amis essayent de déstabiliser mon gouvernement !


En plus de la voix de méchant pathétique, ce dialogue d'exposition à la moitié du film est incompréhensible. Shank est un robot et non pas un créateur de robot, puis qui est le docteur Catigo ? Mais QUI ?


Le travail sur l'atome est toujours lent
Ok. D'accord. Je ne conteste pas.


Mais il nous reste le problème de ce diable de Siporta [...] Je ne peux pas imaginer une telle union entre les méchants de la terre et les méchants de l'espace.
Et sinon, c'est moi ou le général méchant est dans la même pièce que les gentils et collabore avec eux. Mais quoi ? Pourquoi ? Mais logique, où es-tu ?


-Eeeeeeh, gardez bien les yeux ouverts, heiiiiiiiin ?!
-Il est carrément fouuuuu !


Mé, quesquesé que cette lumière qui clignote
Le préposé à la sécurité du vaisseau du méchant constatant que l'alarme vient de se déclencher.


Garbleugh !

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le 21 août 2015

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Petitbarbu

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