Qu'on se le dise tout de suite, le film est cinématographiquement horrible et sa moyenne n'est pas contestable.

Je me suis d'ailleurs demandé comment c'était possible pour un réalisateur tel que Mocky qui à su faire preuve de nombreuses fois de son talent (Les dragueurs, La cité de l'indicible peur, Un drôle de paroissien) de nous sortir un navet de ce genre (peut être un manque de financement ?)...

À peu près tout est mauvais : des plans en contre plongée exagérés qui détruisent le rythme des scènes en donnant une impression étrange d'apparition inexpliquée d'un personnage, un acting désastreux aux airs d'une pièce de théâtre d'une classe de primaire (et encore les pauvres petits ont sûrement plus de crédibilité), des dialogues pompeux et absurdes utilisés comme des répliques cultes westerniennes mais qui n'ont rien de mémorable et pour finir un montage scénique fais à la va vite où les acteurs doivent assumer de passer d'un lieu à un autre sans poser de questions (certaines scènes rappelleraient presque la composition dans "In the mood for love" ou dès qu'un personnage fait part d'un projet futur on y assiste la seconde d'après, mais c'est évidemment construit d'une façon beaucoup plus médiocre).

La seule touche positive qu'on y trouverai serait peut être la musique de Vladimir Cosma qui, par moments, saisie assez bien les finalités du film (la musique mondaine utilisée lors du déroulement d'actes pédophiles, comme pour faire comprendre que c'est la routine, que ces derniers n'y voient rien d'anormal).

Le pire dans tout ça est que le réalisateur ne se rend pas compte de la bassesse qualitative de sa production auquel il attribue le titre de "film normal" (pour ce qui est de la realisation).

Alors me demanderez-vous, pourquoi ce 6 au lieu d'un 1 ?

Eh bien il s'explique par la forte prise de position de Mocky et de sa lutte contre le fléau de la pédophilie qui lui aura valu une baisse si importante de reconnaissance. En effet, bien qu'il ai déjà abordé le sujet dans Le témoin ou Noir comme le souvenir, c'est dans Les ballets écarlates qu'il osera attaqué le plus profondément et catégoriquement les perversions de l'homme et de sa folie sexuelle.

En tant que vilain petit canard de la Nouvelle Vague c'est un véritable coup de poignard pour sa réputation et, après les scandales sur son franc-parler et ses excès de colère en tournage, la presse s'empresse de le finir en bonne et due forme.

Il verra d'ailleurs son film injustement interdit à la diffusion (sauf dans sa salle et celle d'une commune non citée) par le ministre de la culture monsieur Donnedieu de Vabres (c'est tout autant dérangeant en sachant que les bénéfices qu'il devait recevoir de la diffusion de son œuvre allaient être reversés en partie à des associations dans l'aide à l'accompagnement psychologique d'enfants traumatisés par ces aggressions).

Je dis bien injustement car si on devait censurer toutes les bouzes filmographiques, comparables à celle là, les salles seraient bien moins fructueuses...

C'est grâce à sa sortie en DVD en 2007 que le grand coup de gueule reste encore aujourd'hui visionnable.

Véritable réquisitoire d'un trafic trop bien encré dans la société, Les ballets écarlates qui dépeint l'affaire des ballets roses est un métrage rare, traitant d'un sujet trop peu représenté au cinéma. Le réalisateur nous indique son existence en affirmant que tout le monde, même les personnes les plus notables (tels que des députés), peuvent être complices ou même organisateurs.

Le métrage participe à une prise de conscience encore trop faible, dans une société encore trop aveuglée, et où le personnage de Mocky (l'armurier) lâche une réplique finale évocatrice : "La politique eh bah c'est d'la merde !"

PabloEscrobar
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Jean-Pierre Mocky

Créée

le 22 juil. 2023

Critique lue 84 fois

7 j'aime

PabloEscrobar

Écrit par

Critique lue 84 fois

7

D'autres avis sur Les Ballets écarlates

Les Ballets écarlates
PabloEscrobar
6

Les ballets ne dansent plus.

Qu'on se le dise tout de suite, le film est cinématographiquement horrible et sa moyenne n'est pas contestable.Je me suis d'ailleurs demandé comment c'était possible pour un réalisateur tel que Mocky...

le 22 juil. 2023

7 j'aime

Les Ballets écarlates
Boubakar
1

Pédophile d'ici, pédophile là-bas !

Il est à noter que ce film de Jean-Pierre Mocky est inédit en salles ! En effet, selon ses dires, il aurait été censuré par le ministre de la culture de l'époque (Renaud Donnedieu de Vabres ?), à...

le 4 nov. 2013

6 j'aime

Les Ballets écarlates
Nietzschissime
5

Critique de Les Ballets écarlates par Nietzschissime

Dire que ces Ballets écarlates est une déception serait sans aucun doute un pur euphémisme, une litote. En effet, Mocky tenait là l'occasion de livrer un film fort, juste et poignant grâce à son...

le 2 oct. 2012

5 j'aime

Du même critique

Wonka
PabloEscrobar
8

Oompa Loompa Doopety Doo

Willy Wonka fait parti de ces rares personnages adaptés au cinéma qui rajeunissent à mesure qu'ils font leur apparition dans un nouveau film.Originaire du célèbre livre de Roald Dahl sorti en 1964,...

le 24 déc. 2023

43 j'aime

7

Pauvres Créatures
PabloEscrobar
8

Oh Bella Ciao

Ainsi débute l'année 2024. Véritable hagiographie de la liberté sexuelle féminine, Poor things est une œuvre pleine d'humour à la texture d'image épurée et richissime de couleurs qui scande les...

le 4 janv. 2024

33 j'aime

13