Il n'y a souvent rien de plus fort que d'entrer dans l'univers d'un enfant, pour peu qu'on sache avoir le recul et l'humilité nécessaire, exercice plus compliqué qu'il n'y parait pour viser juste. Ce premier essai pour ce jeune réalisateur n'est pas un coup d'éclat minime comme on en voit chaque année, mais relève bien du miracle.
Bienvenue dans le Bathtub, bienvenue chez Hushpuppy. Franchement... rien que le nom de cette gamine inspire la magie.
Et de la magie il y en a dans le monde de cette petite, partout.
Elle n'en est probablement même pas consciente, d'ailleurs les autres non plus, ce serait plutôt nos yeux, nous, ces gens qui vivent partout en dehors du Bathtub qui regardent hallucinés ces sauvages d'un autre temps, vivant au rythme des inondations, des tempêtes, du cycle de la vie naturelle, des tumultes d'une planète qui n'en fait qu'à sa tête et qu'il faut affronter. Littéralement. Hushpuppy Papa n'a pas peur, il lui tire dessus avec le fusil pour lui montrer à qui la tempête à affaire.
Le noyau familiale lui même n'est pas figé, Hushpuppy vit avec son père, oui. Il est plein de savoir, d'une certaine sagesse maladroite, un homme sauvage bon mais fier, qui pêche à la main, casse les crabes de ses mains pour les manger, s'hydrate au rhum et refuse férocement la vie citadine de ces fous. Le coeur saigne encore du départ de Hushpuppy Mama, tueuse d'alligator, parti un jour, à la nage, là-bas... *pointe l'océan*
Les autres habitants du Bathtub, c'est la famille aussi. Blanches et noires, ses membres sont à l'image de la Nouvelle Orléans, des possibilités infinies, une richesse à toute épreuve dans une pauvreté dont ils n'ont que faire. Leurs bateaux et leurs cabanes feraient frissonner de bonheur Wes Anderson.
Et ces animaux. Et ces aurochs mythiques annonciateurs de la mort, qui foulent l'eau et la terre, qui pulvérisent et tuent tous ce qui se dressent sur leurs routes. Etres vivants, arbres, sol.. Personne ne peut rien faire face à ces bêtes les plus fortes du monde.
Hushpuppy nous montre tout ça. Avec calme ou avec rage. Toujours avec amour.
C'est impressionnant de beauté et de puissance, les mots sont vains.

Chut. *Hush..*
Woopo
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le 13 déc. 2012

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Woopo

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