oct 2010:

Oh, un Chabrol que je n'ai pas aimé!? Un rythme très lent, une Jacqueline Sassard très monotone, voire assez terne, un couple de clowns irritants et une histoire trop longue à se mettre en place ont très vite engendré chez moi un terrible ennui.

Pourtant le sujet sulfureux se prêtait à l'œil malin et pernicieux de Chabrol. Je ne comprends pas pourquoi Chabrol laisse son film se dérouler aussi lentement. La relation saphique qui se noue entre Jacqueline Sassard et Stéphane Audran plante le sujet très rapidement. Ce n'est qu'après ce prologue que le film se met à ronronner méchamment.

L'histoire n'est pas non plus des plus enthousiasmantes, un peu fadasse. Un couple de femmes pas tout à fait homosexuelles mais bien plutôt bisexuelles s'éprennent d'un Jean-Louis Trintignant butineur, pas clair.

D'ailleurs, les relations de ce trio ne sont pas claires. Les virevoltes de Sassard d'abord, de Trintignant et Audran ensuite ne se justifient pas vraiment. Ils sont là, s'imposent avec une violence contenue. Les rapports de domination s'ajoutent à ces hypocrites affections. Celles-ci se dénouent aussi vite qu'elles apparaissent. On se quitte sur un claquement de doigts. Cette société que décrit Chabrol est très peu lisible. Elle est volatile, s'éparpille dans les vapeurs d'alcool ou les volutes de cigarettes.

L'argent semble être le moteur de ces liens fragiles, il commande les actions de tout un chacun. L'amour perverti par les billets et les bijoux prend une figure fantomatique finalement. Les individus en trahissent les qualités. Paumés dans la perversion de ces valeurs, ils paraissent voués à se faire du mal. La violence et l'argent dirigent donc ces infortunés vers un dénouement à l'aspect ô combien moraliste. Le fabuliste Chabrol démonte les comportements de ces biches en zoologiste assuré. Le microscope est cruel. Malheureusement pour moi, l'expérience est longue. Bâillements, paupières lourdes.

La belle Stéphane Audran joue juste. La médiocrité de la copie ne permet pas de s'en délecter. Jean-Louis Trintignant apparait au 1/3 du film. Son rôle n'est pas très bien mis en valeur. Par contre, celui de Jacqueline Sassard est sans doute le plus important, or quand l'actrice ne sape pas les scènes, elle demeure à peu près transparente dans les autres. Le pire vient d'Henri Attal et dans une moindre mesure de son compère Dominique Zardi qui nous concoctent un couple de pique-assiettes qui vivent à St Tropez dans la villa de Stéphane Audran (à noter que l'on retrouve cette même villa dans "Le gendarme se marie") et qui, à force de jérémiades et numéros criards de zazous, finissent par nous taper sur le système nerveux. Fatigants.

En résumé, il ne reste pas grand chose pour sauver le film. La musique? Même pas. Comme souvent dans ses films, Chabrol choisit une musique trainante, geignarde, morne, emmerdante, laide.
Alligator
4
Écrit par

Créée

le 14 avr. 2013

Critique lue 898 fois

2 j'aime

1 commentaire

Alligator

Écrit par

Critique lue 898 fois

2
1

D'autres avis sur Les Biches

Les Biches
greenwich
7

Les Biches (1968)

Stéphane Audran interprète le rôle d'une bourgeoise très aisée qui pense pouvoir tout faire avec son argent ... y compris "acheter" une jeune artiste (Why). Les rapports entre les deux personnages...

le 2 févr. 2014

3 j'aime

Les Biches
Alligator
4

Critique de Les Biches par Alligator

oct 2010: Oh, un Chabrol que je n'ai pas aimé!? Un rythme très lent, une Jacqueline Sassard très monotone, voire assez terne, un couple de clowns irritants et une histoire trop longue à se mettre en...

le 14 avr. 2013

2 j'aime

1

Les Biches
Maqroll
6

Critique de Les Biches par Maqroll

Un Chabrol assez peu connu des années soixante… On comprend pourquoi dès les premières images : il aborde la question – incongrue dans cette période prude – de la sexualité, et se permet même d’en...

le 13 juil. 2013

1 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime