Dans une Italie qui n'en finit pas de panser ses plaies héritées du fascisme et avant que les grands mouvements d'extrême gauche qui créeront d'autres cicatrices dans la chaire meurtrie du pays ne soient, cette fable, pendant sombre d'une commedia dell'arte, explore les vicissitudes d'un état totalitaire qui a poussé son régime de terreur jusqu'à interdire l'évacuation des corps de ses opposants, condamnés post mortem à servir d'exemples au reste de la population en restant exposés aux yeux de tous, là où ils ont été abattus. Une loi absurde comme seul un état totalitaire peut imaginer et promulguer, mais qui comble de l'ironie féroce verra dans ses remous paraitre les éléments perturbateurs, les cannibales du titre, qui ne sont pas tant les anthropophages désignés par l'autorité que les fossoyeurs du système. Film étrange, troublant, navigant entre le néolibéralisme politico marxiste d'une jeunesse éprise de liberté et la symbolique fantastique d'une inquiétante étrangeté qui a d'inquiétant que rien n'est ici n'est fondamentalement inimaginable. Un film marquant à découvrir malgré son aridité et son postulat formel très radical dans son dénuement.