Coupé en deux plutôt brutalement, Les Cerfs-Volants de Kaboul se partage entre l'enfance et l'âge adulte du fils d'un notable Afghan contraint de quitter sa patrie au moment de l'invasion des Soviétiques. A la manière d'un Slumdog Millionnaire, le film donne d'abord à voir deux gosses entichés l'un de l'autre. Pourtant séparés par leurs conditions respectives de maître et serviteur, ils abolissent les frontières au nom d'une amitié qu'on croit sans bornes.

Et c'est précisément là que ça devient intéressant, et non plus lénifiant comme mon introduction mielleuse pouvait le laisser entendre. L'idylle vire vite à la crasse, quand le lâche « fils de » lâche vite son domestique par peur d'y laisser sa peau ; ou au moins d'y gagner quelques gnons et ecchymoses. La chute de la famille s'accélère alors, passant de l'allégresse d'une vie ensoleillée et presqu'oisive à l'âpre contemplation de la débandade de toute une nation. Les cerfs-volants ne voleront dès lors jamais plus, des bolchéviques aux vilains Talibans barbus.
Le contexte politique qui enrobe une grande amitié ou une petite histoire d'amour platonique entre les deux gamins sert de prétexte à la quête finalement assez banale et courue, dans sa forme la plus pure, d'une tierce personne et par la même d'une identité. Heureusement, les images filmées depuis le ciel sont époustouflantes d'authenticité. Et puis, ce n'est pas que le film facilite mon penchant à jouer le blasé, mais j'ai le sentiment qu'il manque d'une part sa vocation documentaire et que d'autre part il pêche par excès de zèle, en ayant un pied dans le manichéisme et l'autre dans l'éveil de conscience des spectateurs.

Pas épargné par la cuculerie ou les niaiseries en tout genre, il s'avère que le résultat est pas si mal pour un film dont on n'attend pas grand-chose, si ce n'est qu'il respecte le roman original (que je n'ai de toute manière pas lu). Après coup et réflexion, il est même indéniable qu'on passe un bon moment, et que le film passe plutôt vite grâce au voyage pour trois fois une bouchée de pain qu'il permet.
Adrast
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le 28 mars 2011

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