Visiblement, même en l'absence (provisoire ?) de Xavier Dolan, le cinéma québécois semble afficher une vitalité insolente, si l'on en juge par sa production récente, de Simple comme Sylvain à Testament, en passant par Le Plongeur. S'y ajoute Les chambres rouges, troisième réalisation de fiction de Pascal Plante (Nadia, Butterfly), 35 ans, dont le statut d’œuvre culte lui pend au nez. Le long-métrage commence comme un film de procès, celui d'un tueur en série coupable de meurtres atroces, pour se poursuivre autour de la personnalité de l'une de ses groupies, mannequin et geek, et de sa fascination morbide pour les actes de l'assassin. Le thriller psychologique atteint des sommets, à mesure que son héroïne, rendue foncièrement mystérieuse par l'absence volontaire d'explications à son comportement malsain, s'approche au plus près de l'horreur. La mise en scène, glaciale dans sa sobriété, ne montre aucune scène insupportable et raconte l'indicible dans les yeux de ses personnages et par une bande sonore particulièrement éprouvante. Dire que le film se révèle dérangeant est un euphémisme, plongeant dans les mondes parallèles du Dark Web et de l'intelligence artificielle et surtout dans les noirs tréfonds de la conscience d'une jeune femme au visage faussement angélique. Son interprète, Juliette Gariépy, est formidable, tout en nuances et en ambiguïtés.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2024 en avant-premières et Au fil(m) de 2024

Créée

le 22 nov. 2023

Critique lue 302 fois

11 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 302 fois

11

D'autres avis sur Les Chambres rouges

Les Chambres rouges
Yoshii
8

Le rouge et l'obscur

"Les chambres rouges", et c'est une des constantes du métrage, est une œuvre qui dès le prologue met le spectateur à l'épreuve. Chaque plan de la très inquiétante scène d'ouverture interroge : où...

le 3 janv. 2024

52 j'aime

Les Chambres rouges
micktaylor78
8

Au plus profond de l'âme humaine

Il se passe quelque chose du côté du cinéma québecois depuis quelque temps. Là où il est toujours tentant de n’envisager ce dernier que sous l’angle de l’accent rigolo légèrement folklorique, et donc...

le 19 janv. 2024

50 j'aime

9

Les Chambres rouges
Stanvoyen
10

Chef d'oeuvre tout simplement.

Falcon Lake, Simple comme Sylvain, et maintenant Les Chambres Rouges. Voici trois films que j'ai vus récemment, démontrant à quel point le cinéma canadien est en train de sortir de sa tanière et de...

le 26 nov. 2023

48 j'aime

1

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13