Du bon gros polar 70’s, sans bout de gras, efficace et rugueux, porté par des ganaches patibulaires qui jouent de leur sang glacial lorsqu’ils font parler la poudre. Entre casses mis en scène au cordeau par Yates et son sens affuté de l’espace et dialogues ciselés qui font s’affronter les mâles alpha qui se mettent à table à tour de rôle, Les copains d’Eddie Coyle livre la came avec générosité, sans se perdre dans des storyline parallèles qui noieraient la quête de liberté du vieux briscard aux abois motivant l’ensemble.


Mitchum pourvu de sa tronche fermée mène les hostilités, montre aux petits nouveaux de quel bois il est taillé et passe son temps à jouer les roublards pour éviter une future peine de taule qui lui pend au nez. Yates l’utilise pour brouiller les pistes, balancera, balancera pas, la sauce prend, le spectateur reste captivé, même quand le rythme retombe, entre deux braquages énergiques. Et lorsque le dernier acte, désespéré, typique du nouvel Hollywood, vient parachever ce portrait dépourvu d’espoir, c’est dans la suite logique de tout ce qui a précédé, aucunement petit malin, simplement réaliste, et triste.


Que demander de plus ? Au menu de ce polar déprimant, il y a tout ce qui a été promis dans les 10 premières minutes. Un jeu du chat et de la souris bien glauque, arbitré par des salopards qui distribuent la poisse aux autres sans frémir une seule seconde, représentés ici par la froideur clinique du truculent Peter Boyle, qui volerait presque la vedette à Mitchum. Le tout entrecoupé d’actes de violence âpres et réalistes et d’ambiances nocturnes aux petits oignons. De la bonne came poisseuse issue de la plus nerveuse des décennies, qui comblera les amateurs du genre, et les autres aussi d’ailleurs.

oso
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le 7 juin 2015

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oso

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