For Spike Lee Only

Les films du genre choral sont souvent scabreux : trop de personnages, trop de thèmes, pas assez de temps, ons e retrouve souvent face à un produit un peu superficiel dont le sujet aurait gagné à être creusé en privilégiant deux ou trois personnages seulement. For Colored Girls n'échappe pas à la règle, malheureusement, et se voit même accablé d'un misérabilisme bien lourd la faute à des sujets trop graves à traiter en trop peu de temps.

La grosse interrogation en sortant du film c'est : pourquoi tout le monde il est noir? Au vu du titre et du casting, on aurait pu penser à un film sur le racisme, mais pas vraiment en fait. Les personnages vivent les mêmes tourments que n'importe quel blanc. Peut-être le but était il simplement de donner à de actrices et acteurs noirs un rôle plus dense, plus intéressant que celui qui leur est accordé habituellement? Après tout pourquoi pas.

Le problème vient alors du scénario. Comme dit plus haut, il y a bien trop de personnages. Lors des scènes qui les présentent au début on sedemande quand est-ce que ça va s'arrêter pour enfin démarrer l'histoire. Si la transition de l'un à l'autre fonctionne relativement bien, il ne se passe pas grand chose, à part des drames misérabilistes qui vont tous atteindre leur paroxisme en même temps ! Imaginez toutes les scènes tire-larmes qui se suivent (chacune ponctuée d'un long monologue). La misère, c'est bien d'en parler, mais juste montrer de la misère contre laquelle personne ne sait lutter, c'est juste ennuyant, il n'y a pas d'intérêt pour moi. Ce que j'apprécie, c'est lorsque les personages ont la possibilité de se battre, d'agir. Après ils peuvent échouer, ou refuser d'agir. Mais le choix est là. Ici il n'y a pas de choix. Juste des personnages qui s'en prennent plein la figure.Même dans des films d'horreur, la violence n'est aps aussi gratuite que ce misérabilisme. Et donc au milieu de tous ces personnages, de tous ces thèmes brassés, on se demande ce que l'auteur a envie de nous dire à part que la vie est moche mais que ces femmes restent heureuses (car oui comble de tout, ces femmes sont heureuses malgré leurs malheurs...).

La mise en scène est assez bonne globalement. L'éclairage est parfois mal géré sur les gros plans, c'est-à-dire qu'on sent trop la source lumineuse pour que le visage se détache du décor. Mais à part ça, l'équipe technique fait montre d'efficacité. Les acteurs sont également bons. La crème des seconds rôles blacks du moment ont tous été conviés et en plus on a droit à une Whoopy Goldberg qui ne semble pas avoir trop vieilli depuis ses premiers pas à la télévision.

Bref, For Colored Girls souffre d'un scénario vide creux et facile, laissant plus de place au misérabilisme qu'à la construction dramaturgique ; heureusement l'aspect visuel du film est suffisamment léché pour amoindrir le supplice.