Les damnés ne pleurent pas mais surtout ils essaient de garder la tête haute, fiers malgré les embûches du quotidien et un passé qui passe mal. Eux, ce sont une mère et son fils de 17 ans que l'on voit galérer dans le film de Fyzal Boulifa, incapables de se stabiliser quelque part, à moins que Tanger ne leur offre enfin une chance. Le cinéaste ne juge pas ses personnages et leurs failles, il leur laisse la liberté d'espérer, en dépit du fait qu'ils aient de la fuite dans les idées. Flotte presque en permanence sur le film une douceur surprenante, fallacieuse sans doute, qui lui donne un caractère assez différent des longs-métrages marocains vus lors de ces derniers mois, loin de la tension de Les Meutes ou de l'onirisme de Déserts, pour ne prendre que deux exemples. L'interprétation des deux protagonistes principaux, convaincante, et la mise en scène, fluide, compensent un scénario qui se fait parfois redondant, sur une durée un tantinet excessive. Mais ce portrait croisé de "marginaux", à cause du regard des autres, mais aussi par leur faute, possède du style et du sens, de par son commentaire social, jamais asséné, autour de la colonisation économique des étrangers, de la toute puissance du patriarcat ou encore d'une certaine emprise de la religion.

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le 26 juil. 2023

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