Repérée avec l'excellent Cinco lobitos (Lullaby), Alauda Ruiz de Azúa, cinéaste basque, était un nom dont il fallait visiblement se souvenir. La preuve éclatante en est donnée avec Les Dimanches qui a décroché la Concha de Oro au festival de Saint-Sébastien, la récompense suprême. Le sujet du film est étonnant, démodé, d'une certaine façon, puisqu'il s'agit de l'avenir qu'envisage sérieusement une jeune fille de 17 ans, à savoir, plaise à Dieu, passer le reste de sa vie cloîtrée dans un couvent. Jusqu'au bout du film, cependant, le suspense restera entier quant à la décision finale de l'adolescente. Mais l'intérêt principal se situe finalement ailleurs, à l'intérieur de sa propre famille, dont les réactions diffèrent selon les individus, et ce ne sont pas ceux censés être les plus tolérants et aimants qui vont se révéler les plus généreux dans leur jugement. Le film enregistre les craquelures dans un ensemble jusqu'alors uni, du moins en apparence, avec une certaine jubilation, voire cruauté. La religion et la famille ne sortent pas indemnes dans ce jeu de la vérité et des préjugés et la cinéaste se fait clinique dans sa démonstration, avec un sens du récit ébouriffant et des pincées d'humour et d'ironie qui ne manquent pas de sel. Il faut saluer la performance étonnante de l'héroïne du film, Blanca Soroa, qui semble véritablement touchée par la grâce. Il faudra s'y résoudre, bien que difficile à se remémorer et à orthographier correctement, le nom de Alauda Ruiz de Azúa est désormais à inscrire aux côtés des meilleurs cinéastes espagnols contemporains.

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le 20 oct. 2025

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