Le dernier chef-d'œuvre de Cecil B. DeMille,Les Dix Commandements, est souvent résumé au duel Moïse vs Ramsès, mais sa véritable force réside dans la richesse et la complexité de sa galerie de personnagessecondaires. Le film est une fresque humaine au cœur d'un spectacle divin, témoignant du savoir-faire narratif de l'époque.
Contrairement à de nombreux péplums, le film ne se contente pas de figurines. Les destins entrelacés de la cour égyptienne et du peuple hébreu apportent une profondeur émotionnelle essentielle.
Le Triangle Amoureux Torturé : Le personnage de Néfertari (Anne Baxter) apporte une dimension tragique et passionnelle cruciale. Son amour impossible pour Moïse et son mariage amer avec Ramsès injectent une intrigue humaine captivante qui contrebalance le mysticisme.
Les Vils et les Fidèles : Des figures comme le traître Dathan (Edward G. Robinson), cupide et lâche, ou la dévouée Séfora (Yvonne De Carlo) sont des ancrages humains forts. Ils illustrent les vertus et les vices du peuple, rendant les enjeux moraux de la Loi d'autant plus palpables et pertinents.
Le film est aussi fascinant à analyser à travers le prisme de l'Amérique des années 50, sans pour autant perdre son attrait universel.
Le Triomphe de la Liberté : Réalisé en pleine Guerre Froide, le film résonne puissamment comme une ode à la liberté contre la tyrannie étatique (incarnée par l'Égypte). Cette lecture politique sous-jacente apporte une couche d'interprétation supplémentaire à l'œuvre.
La Maîtrise d'un Géant : DeMille, au sommet de son art, réussit à canaliser des moyens pharaoniques pour raconter une histoire intime de foi et de choix. Sa mise en scène est légendaire, combinant des effets spéciaux marquants avec un sens aigu de la composition.
Conclusion : Les Dix Commandements n'est pas seulement un film ; c'est une cathédrale cinématographique.Cecil B. DeMille a réussi la prouesse de transformer un texte sacré en une expérience épique et profondément humaine. Malgré sa grandiloquence assumée et une durée qui exige la patience, le film se dresse comme un témoignage incontournable de l'âge d'or hollywoodien.
Porté par l'intensité dramatique du duel Heston-Brynner et magnifié par une splendeur visuelle que la restauration moderne ne fait qu'accentuer, ce classique est la preuve que le cinéma peut être à la fois un spectacle populaire colossal et une œuvre explorant les plus grandes questions de l'humanité : la foi, la liberté et l'héritage.
Les Dix Commandements n'a pas vieilli : il est simplement devenu intemporel.