33 ans après sa première itération, Cecil B. DeMille élabore une nouvelle fresque consacrée à Moïse, d'une durée de 3h45. Clairement, il ne prend pas le terme épique à la légère : les plateaux sont gigantesques, les figurants se comptent par milliers, les dialogues plein d'emphase, et l'envergure du scénario s'attèle à illustrer tout un pan de la Bible. La restauration de 2010 émerveille par la netteté des détails sur les costumes et étoffes bardés d'ornements, les couleurs profondes des matte paintings dépaysants, les motifs sur les décors impressionnants. C'est la meilleure façon de redécouvrir cette œuvre à l'ampleur inimaginable pour l'époque. Les effets spéciaux, créés par compositing de différentes pellicules, sont tout aussi ambitieux et satisfont les besoins du récit. Les 3h45 ne sont pas forcément justifiées, au vu du temps passé sur la grandiloquence de certaines séquences. Toutefois, le montage est fluide et le visionnage n'ennuie jamais, avec 2h15 consacrées à la tragédie autour de Moïse élevé comme futur pharaon puis découvrant ses origines qui vont le mener à être le prophète du peuple hébreux asservi. Ensuite, sur 1h30, Moïse s'élève contre Ramsès II (plaies d'Egypte), puis viennent l'Exode - avec l’incroyable séparation de la Mer Rouge - et l’écriture des Dix Commandements. Charlton Heston et Yul Brynner (inoubliable) greffent ainsi leurs interprétations dans cette épopée mythique, constamment articulée autour de leur rivalité.