Keitel est pris qui croyait prendre

Lorsque j'y repense, j'ai assez peu de choses à dire sur Les Duellistes.
D'une part, @Before-Sunrise est passée avant moi, et a mis des mots sur la plupart de mes sentiments, pour l'une de ses meilleures critiques. C'était la minute promo.

D'autre part, le film combine finalement un pitch minimaliste à une action très répétitive. Il y a peu à décrire de ce point de vue.

Pourquoi ça marche alors ?
Parce que la reconstitution historique est, de mon regard de profane, bluffante.
Parce que les acteurs sont diantrement justes, et incarnent à la perfection cette passion sordide de l'affrontement, morbide pour être exact, qui va progressivement sombrer dans le non-sens, la folie obsessionnelle du duel qui dévore tout, de leur vie sentimentale à leur carrière professionnelle.

Le seul moteur gardant un tant soit peu intacte leur ambition militaire est de monter en grade au même rythme, afin de pouvoir continuer à se défier au gré des rencontres plus ou moins fortuites.
Le hasard s'entremêle avec la traque, la vigilance et la crainte constante de voir débarquer l'adversaire honni pour un énième affrontement à mort.
Une vie dans l'angoisse perpétuelle, avec les conséquences inéluctables sur la santé, physique comme mentale.

Tout ceci converge inévitablement, et l'apothéose de ces deux vies antagonistes ne sera pas nécessairement celle attendue, le spectateur pourra au choix rester sur sa faim ou apprécier le parti pris par Scott.
J'ai opté pour la seconde solution, en me délectant au passage de plans somptueux, avec bien sûr une préférence particulière pour ce final sublime et haletant, servi par des prises de vue et des lumières à couper le souffle.

Une excellente surprise pour un film dont j'ignorais totalement l'existence.
Vivement conseillé !