Véritable chef-d'oeuvre ou "hype" démesurée ?

Si la ligne verte est souvent cité comme un incontournable du milieu carcéral au cinéma, Frank Darabont avait déjà frappé fort 5 ans auparavant avec la réalisation des évadés -The Shawshank Redempion dans son titre original - un autre film adapté d'une nouvelle de Stephen King.


Bien plus qu'un film d'évasion, "Les évadés" retrace une histoire d'amitié sur 20 ans ayant eu cours au milieu du 20ème siècle au sein de la prison la plus dangereuse de nouvelle Angleterre entre Andy Dufresne et Red interprétés respectivement par Tim Robbins et Morgan Freeman.


Sorti en 1994, The Shawshank Redemption fût tout d'abord un échec commercial pour finir au somment du classement IMDB et au sein de l'american film institute, considérée par beaucoup comme l'une des œuvres cinématographiques les plus surcotées de l'histoire.


J'ai personnellement passé un très bon moment en visionnant ce film la première fois malgré des défauts trop apparents pour être passés sous silence.


En effet, l'objectif du film et son  message  sont difficiles à comprendre. « Il faut toujours garder espoir », c'est du moins ce qui a permis à Andy Dufresne de s'évader tout en évitant l'institutionnalisation. Or, jamais son innocence n'est reconnue et son armure d'optimisme l'a fait devenir la cible préférée du groupe le plus violent de la prison. On ne peut pardonner le mauvais traitement du message d'un film lorsque celui-là fait partie intégrante de ce pourquoi le métrage est qualifié de chef d’œuvre.


Le twist final, également désigné comme l'un des points forts du scénario manque de réalisme (Il s'agit d'une nouvelle de Stephen King donc ce commentaire s'adresse davantage à l'ouvre littéraire qu'au film) Le fameux poster qui cache le tunnel n'aurait pas été soulevé depuis 20 ans ? Nous pouvons aisément comprendre que la cellule de Andy ne soit pas fouillée en raison de la proximité avec le directeur de la prison. Cependant, la complicité des deux a été brisée lors du témoignage de Tommy Williams pour laisser place à un rapport de force propice à une inspection musclée. Il me semble improbable qu'un tunnel de plusieurs dizaines de mètres ait pu passer inaperçu pendant 20 ans dans la prison la plus sécurisée de nouvelle Angleterre.


Le maquillage des acteurs est lui aussi assez décevant : Il est difficile de ressentir ces deux décennies (élément pourtant essentiel à la narration) quand les personnages ont précisément le même visage du début jusqu'à la fin du film si ce n'est quelques cheveux blancs rajoutés à Morgan Freeman.


La voix off de ce dernier est omniprésente tout au long du film et semble davantage être une facilité scénaristique visant à expliquer facilement le ressenti d'Andy qu'une réelle valeur ajouté au film.


Ces défauts restent relatifs et je ne les soulève qu'en raison du statut de ce long métrage tant apprécié.


Les évadés reste un grand titre du cinéma. Le traitement de la vie carcérale y est original. On met l'accent sur la routine, l'ennuie et les rapports d'amitié plus qu'à la violence – qui n'est cependant pas oubliée -. Les horreurs que Dufresne a subi restent secondaires pour renforcer l'aspect fort de ce personnage qui n'en est que plus attachant. Le concept de « l'institutionnalisation » est également très intéressant (Encore une fois, ce commentaire s'adresse davantage à l’œuvre littéraire) Andy l'a t-il évité car il est le seul véritable innocent de la prison ?


Le jeu d'acteur est grandiose. Tim Robbins et Morgan Freeman ont une complicité qui en fait les gros point fort de ce film. Les personnages secondaires composant le petit groupe d'amis des deux acolytes montrent également une belle performance. Le directeur de la prison interprété par Bob Gunton, joue à merveille le rôle difficile qui lui a été confié. En bref, un excellent casting qui est, selon moi, l'une des plus grandes forces de ce film.


S'agissant du rythme, difficile d'en dire quelque chose de négatif. La lenteur relative permet de ressentir parfaitement la routine et l'ennui que vivent les prisonniers au sein de la prison.


Pour conclure, The Shawshank rédemption est certes surcoté mais il n'en est pas responsable. Ce film est un grand moment de cinéma dont les performances d'acteurs sont remarquables, la réalisation intelligente et le scénario prenant malgré les quelques défauts qui tiennent davantage à l’œuvre de Stephen King qu'aux cinéastes qui se sont occupés de l'adaptation.

Limonadier
7
Écrit par

Créée

le 15 août 2016

Critique lue 326 fois

1 j'aime

Limonadier

Écrit par

Critique lue 326 fois

1

D'autres avis sur Les Évadés

Les Évadés
real_folk_blues
8

Morgan de toit

J’aime les films de prison. Ce que j’aime c’est ce sentiment assez paradoxal de liberté qui transpire souvent de ces récits. Les petites choses, les petits trésors qui rappellent de façon aussi...

le 12 févr. 2013

87 j'aime

22

Les Évadés
Sullyv4ռ
10

La nuit est sombre avant qu'apparaisse l'aube...

Les évadés fait parti de ces films qui marquent, pour ma part je ne l'ai découvert que cette année et il est un de mes plus gros coups de cœur (si ce n'est le plus gros) comme quoi SensCritique a le...

le 29 juin 2017

72 j'aime

24

Les Évadés
Samu-L
9

Hope springs eternal

Attention, cette critique contient des spoils! Voici un grand film. Je le dis simplement, sans essayer de m'excuser, sans trouver ça facile, ni niais; en assumant pleinement tout l’intérêt que je lui...

le 20 févr. 2014

71 j'aime

30

Du même critique

The Birth of a Nation
Limonadier
4

Un biopic bien fade...

La période traitée par le film m’intéresse particulièrement et j’attendais le métrage depuis son annonce. Je resterai sur ma faim… Produit et réalisé par Nate Parker (également acteur principal), The...

le 19 janv. 2017

Quelques minutes après minuit
Limonadier
7

"Cet arbre est incroyable"

Première séance pour 2017, en espérant qu'elle annonce une année de cinéma à la hauteur. Quelques minutes après minuit est un film réalisé par Juan Antonio Bayona, basé sur le roman du même nom...

le 8 janv. 2017