Il est n°1 des critiques sur le site de l’IMDB, rien que ça. Les Évadés est considéré par beaucoup comme étant un grand film, un incontournable, un immanquable, tout ce que l’on veut, les superlatifs ne manquent pas quand l’on parle du film de Frank Darabont. Un film qui m’avait toujours échappé, ou que je n’avais surtout pas eu l’occasion de voir jusqu’ici, jusqu’à ce que je l’attrape au vol lors de son passage à la télévision dimanche dernier. L’occasion, enfin, de découvrir ce film comblé de louanges.


L’univers carcéral a été un cadre propice à la mise en scène de grands films, explorant divers points de vue, que ce soit l’injustice chez Mervyn LeRoy dans Je suis un évadé en 1932, la marginalité de Bronson dans le film éponyme de Nicolas Winding Refn en 2009, ou un aspect plus documentaire dans Le Trou de Jacques Becker en 1960 et L’Évadé d’Alcatraz de Don Siegel en 1979. Frank Darabont, avec Les Évadés, vient croiser tous ces aspects de l’univers carcéral pour créer un film-fleuve qui vient raconter la vie de ces prisonniers, leur passé, leur vie en prison et leurs aspirations. Si la prison de Shawshank était jusqu’ici une prison apparemment comme les autres, l’arrivée d’Andy Dufresne (Tim Robbins) va changer la donne et bouleverser le destin de tous les protagonistes de l’histoire.


Le titre français du film fait avant tout référence à l’évasion et à l’envie du héros de s’échapper de la prison, mais le titre original du film, The Shawshank Redemption, souligne une problématique toute autre. Le but n’est pas simplement de s’échapper à cause d’une condamnation à tort, mais bien de réparer les erreurs, de changer l’avenir et construire sur des ruines. Andy est celui qui amène la rédemption, en sous-traitant pour les dirigeants de la prison pour améliorer le quotidien de ses co-détenus, en obtenant des subventions pour agrandir la bibliothèque, en diffusant de la musique classique dans la cour de la prison, quitte à payer le prix fort. Son aspiration première est de véhiculer son propre espoir parmi ses pairs, de montrer ce qu’il y a de bon en chacun et de montrer que la prison, si elle est une entrave, ne peut irrémédiablement transformer quelqu’un et effacer tout ce qu’il a de bon en lui.


La réalisation de Frank Darabont, pleine de poésie et de drame, fait beaucoup dans l’appréciation du spectateur quant au vertige émotionnel produit par Les Évadés. Les longues ellipses temporelles et la durée sur laquelle se déroule l’histoire montre toute la détermination et la patience du héros, mais fait également appel à la nostalgie et aux souvenirs, rappelant que s’il faut voir vers l’avenir, le passé nous a également construit et offert des épreuves.


Les Évadés est un superbe drame humain, très caractéristique du cinéma américain, offrant dans la réalisation et le style quelque chose proche d’un Forrest Gump, avec ce héros anonyme se contentant d’être lui-même, mais, ce faisant, véhiculant un immense message d’espoir qui révèle ce que chacun a de meilleur en lui. La rédemption est donc omniprésente, et si « Red » disait de se méfier de l’espoir et de ce qu’il pouvait engendrer comme douleur, Andy lui prouve que l’espoir peut aussi, au contraire, changer la donne et donner lieu à des miracles.

JKDZ29
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le 1 févr. 2018

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