Le titre du film au générique est « La malédiction de Frankenstein ». Le titre lors de la sortie en salle, assez mensonger, a été rajouté en dernière minute par le producteur qui l'a probablement trouvé plus vendeur. On sait que Jess Franco, frustré d'avoir dû être contraint à du sérieux et à de la fidélité au roman de Bram Stocker sur le tournage des Nuits de Dracula avec Christopher Lee, a déclaré avoir voulu délirer comme il l'entendait dans les films suivants, et notamment celui-ci. Sur ce point, le spectateur ne sera pas déçu, comme peut le montrer un résumé rapide du scénario. Melissa (Anne Libert), une femme oiseau, aveugle et cannibale, née du mélange de semence humaine et d'un œuf, enlève dans le laboratoire du Docteur Frankenstein (Denis Price) sa nouvelle création : une sorte de lutteur à l'épiderme bleu argenté. Après avoir éliminé le Docteur Frankenstein et son assistant, Melissa amène la créature à son maître, Cagliostro (Howard Vernon), un magicien chef de secte, dont l'ambition est de créer une race suprême en faisant accoupler le monstre avec une femme parfaite composée d'un assemblage de membres et d'organes provenant de jeunes filles kidnappées dans le village voisin. Mais la fille du Docteur Frankenstein, aidé d'un autre docteur vont tout faire pour les arrêter, notamment en commençant par ranimer épisodiquement le Docteur Frankenstein, histoire d'obtenir quelques informations sur ses assassins…
Reconnaissons quelques belles idées, dont celle de la « femme oiseau », quelques cadrages originaux inspirés d'Orson Welles et rappelant l'expressionnisme allemand, un hommage assez foutraque au serial et au film Universal de Erle C. Kenton, une musique mi expérimentale mi free jazz assez étonnante sur une production destinée à l'époque aux salles de quartiers populaires. Pour le reste, il y a tout de même bien des faiblesses : Denis Price, en fin de carrière, bouffi, est très mauvais, Howard Vernon qui cabotine à l'excès, plusieurs séquences franchement ridicules, un budget, malgré l'utilisation d'un très beau scope, visiblement étriqué, une grossière faute d'orthographe (« Frankestein », gravé sur la tombe de famille), un aspect cinéma expérimental mais qui ne trouve pas grand-chose ! Bref, un Franco pur jus, qui a au moins le mérite de déclencher des réactions passionnelles d'admiration (dans les Cahiers du Cinéma notamment !) comme de fureur, bref de ne laisser personne indifférent.
Jean-Mariage
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le 12 déc. 2018

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