Dans un régiment écossais, l’heure n’est plus à la gaieté : le major Jock Sinclair (Alec Guinness, magistral), colonel par intérim, chef apprécié par ses hommes, doit céder la main au nouveau colonel, Barrows (John Mills). Seulement, celui-ci, dont l’expérience est purement théorique, décide de redonner au régiment une image d’exemplarité, supprimant toutes les petites entorses au règlement que Sinclair avait accordé à ses hommes. Entre l’ancien et le nouveau chef, la tension monte…


Dans la catégorie des bons (voire grands) réalisateurs oubliés à redécouvrir d’urgence, Ronald Neame occupe une place de choix. Excellant dans tous les genres, du film catastrophe (L’Aventure du Poséidon) à la comédie musicale (le génial Scrooge) en passant par le film de casse (Un Hold-up extraordinaire, qui porte bien son titre), chacun des films de Neame révèle la force principale de son cinéma : l’écriture des personnages. Et de fait, c’est bien ce qui fait encore la puissance des Fanfares de la gloire. S’appuyant sur des personnages remarquablement écrits, le script de James Kennaway offre à ces derniers un développement parfait, réfléchi de bout en bout et d’un réalisme total, aux dialogues d’une impressionnante justesse.
En outre, le casting n’y est pas pour rien, tant le génie d’Alec Guinness transparait dans tout le film, n’étant guère égalé fugitivement par un John Mills étonnamment émouvant quand le scénario le lui demande. C’est d’ailleurs parce que ce scénario en question prend le temps de construire ses personnages et de leur forger un vrai caractère qu’il parvient à susciter une telle empathie chez le spectateur.


De fait, aucun personnage ne sombre jamais dans le manichéisme, ce qui rend les principaux acteurs du drame particulièrement captivants, notamment, bien sûr, les major Sinclair et colonel Barrows qui incarnent brillamment et sans excès l’antagonisme qui existe entre deux conceptions différentes d’un même pouvoir. De leur confrontation sort une réflexion brillante sur l’autorité, mais aussi sur l’orgueil et la jalousie, ainsi que sur l'armée, qui permet à Neame de mettre en scène des portraits d’hommes très justes.
D’ailleurs, il sera impossible au spectateur attentif d’évacuer de sa mémoire les 10 dernières minutes du film, final aussi intimiste que grandiose dans lequel Alec Guinness nous rappelle qu’il est décidément un des plus grands acteurs que la Terre ait porté. Apothéose d’une grande puissance, cette fin amère clôt le film de la plus marquante des manières, couronnant une œuvre dont les retournements n’auront épargné ni les personnages, ni les spectateurs.
Et c’est ainsi que, de petit film oublié à voir par pure curiosité cinématographique, Les Fanfares de la gloire devient une vraie pépite à découvrir d’urgence.

Tonto
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le 18 févr. 2019

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Tonto

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