Septième Art et demi
Quand je parle de scénario des images, je ne parle pas du script : l'histoire a été écrite non pas pour les personnages mais pour leurs décors. En 1963, dans un âge d'or du noir et blanc forcé par la technique, Ermanno Olmi va jouer tel un peintre sur les contrastes et les profondeurs. Apparemment attaché aux diagonales, le talentueux régisseur va litérallement faire traverser des pièces au charme simpliste à sa caméra. Cela fait un peu de peine pour les acteurs dont tout talent est rendu accessoire, juste une mise en valeur de la prestation graphique. Ils sont deux, plus deux semi-figurants, et leur personnalité d'acteur est insensible, jugée quasiment inutile. On ne leur demande qu'une maîtrise de leur expression, ce qu'ils ont.
Le scénario - le vrai - souffre aussi de ce favoritisme de l'image. Étonnamment peu linéaire pour son époque, il est confus tant qu'on est encore en train de s'y habituer, puis les inserts se mettent à sonner creux. Bref, Olmi n'a pas ménagé la chèvre et le chou, mais cela n'empêche pas la soupe d'être excellente.