Le désir fouteur de merde... et la liberté de quoi ?

Tel qu'il commence, le film avait tout pour me déplaire et finalement il m'a plu et me donne envie d'en dire deux mots. Contrairement à ce que ses cinq ou dix premières minutes me laissaient penser, il y a, à la base des Filles désir, un scénario plutôt trapu et, je pense, longuement médité (co-signé par Prïncia Car et Léna Mardi), ainsi que des dialogues chiadés. L'histoire se passe à Marseille pendant l'été. Un centre de loisirs (pour enfants de moins de 13 ans) est géré par une bande de jeunes mecs (des quartiers pauvres de la ville), Omar et quatre autres moniteurs, cinq gars respectés du quartier. Omar, 20 ans, est le "directeur" du centre et, semble-t-il, le sage de la bande, le plus réfléchi. Il a une copine : Yasmine, 17 ans. Entre eux, c'est du sérieux, ils envisagent de se marier. Et puis débarque Carmen, qui rentre au quartier, après sept ans de prostitution ! Mais ça, c'est fini, elle veut repartir à zéro. J'ai trouvé ça assez peu crédible (parce qu'elle est encore fraîche et très jeune, on se demande à quel âge elle a commencé à se prostituer ?). La plupart des moniteurs de la bande la connaissent, elle a été élevée avec Omar, avec qui elle a manifestement des liens affectifs (comme une soeur incestueuse). Son retour au centre aéré pose problème aux autres moniteurs (en tout cas, aux deux autres qui la connaissent d'avant), mais Omar tient absolument à l'aider, à l'héberger au centre, pour qu'elle puisse repartir du bon pied (sans retomber dans la prostitution). Ce qui va arriver ensuite, le titre de ma critique le laisse entendre. Je vous passe les péripéties, mais elles ne sont pas tout à fait celles auxquelles on pense. L'histoire se concentre d'abord plutôt sur les mecs (c'est eux qui parlent, qui jouent les bonhommes, "déconnent", eux dont on suit les réactions) et puis, de façon inattendue, sur les filles (la "folle" Carmen et la "sage" Yasmine) qui vont contester le joug masculin et, cliché féministe (le réalisateur est une réalisatrice), s'en délivrer. Pourquoi faire ? Vivre leur vie... à leurs risques et périls. Les deux filles, l'une chrétienne, l'autre musulmane, sont toutes les deux, dans des genres différents, jolies et très appétissantes. Les mecs sont, m'a-t-il semblé, cinq musulmans plutôt lourdauds de physique et assez machistes de mentalité (ils ont entre 17 et 22 ans, je crois, pas plus). On rencontre aussi la mère d'Omar, ainsi qu'un autre chef de bande (et sa bande) qu'on voit fugitivement à l'écran. Tous acteurs débutants mais authentiques et ils font le job (on y croit, ça paraît presque du documentaire de quartier). La photographie couleur, superbe (tant au niveau des visages que des paysages), est de Raphaël Vandenbussche (lui, n'est pas un débutant). La réal. est Prïncia Car et c'est son premier film. Vraiment, il m'a bien plu, m'a fait cogiter. Le désir fout la merde, mais c'est le sel de la vie. Et puis, la liberté, oui, bien sûr, mais avec quel argent et pour faire quoi ?

Fleming
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le 26 juil. 2025

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le 26 juil. 2025

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