Difficile d'éviter de tomber dans le piège de la mièvrerie chaque fois que l'on adapte le célèbre roman de Louisa May Alcott, Little women, écrit à l'origine pour des jeunes filles et qui s'inspire de la vie de l'auteure. Le film de Grega Gerwig n'évite pas totalement cet écueil : les répliques sont un peu faibles et la bande musicale en ajoute souvent inutilement dans le pathos. Ceci m'a fait parfois trouvé le temps long. Le film dure 2h15 mais il faut bien cela pour rendre justice aux deux volumes de l'oeuvre de Mrs May Alcott.


Cependant, le film possède de nombreuses qualités :


L'interprétation des actrices déjà : Saoirse Ronan est parfaitement crédible dans le rôle de Jo, personnage féministe avant l'heure, qui veut réussir par elle-même et refuse le mariage dans une société où c'est la seule voie jugée honorable pour une femme. Emma Watson et Florence Pugh sont tout aussi convaincantes, la première dans le rôle de l’aînée de la famille, sage et un peu coquette, et la seconde dans celui de l'impertinente petite dernière. Seul le personnage de Beth est un peu négligé.


Mention spéciale pour Meryl Streep en tante acariatre. Laura Dern en revanche est un peu fade, ne parvenant pas à mettre en relief ce personnage éternellement bienveillant de la mère de famille dévouée à ses filles et aux miséreux, facilement ennuyeux à la longue.


Comme l'exige l'histoire, les personnages masculins sont en retrait. Timothée Chalamet a l'âge du rôle mais il en parait 17, un peu trop adolescent du coup par rapport à Saoirse Ronan, mais on lui pardonne tellement il est charmant. Rien à redire sur Louis Garel, tout en retenue.


Le scénario a la bonne idée de ne pas se dérouler de manière chronologique mais de mettre en résonance, par d'incessants aller/retour, la vie des jeunes femmes devenues adultes et vivant chacune leur vie (2e tome du roman) avec leur vie 7 ans auparavant de jeunes filles, très attachée à leur vie de famille et s'ouvrant timidement au monde (1er tome). Un parallèle semble être fait entre le personnage de Jo et celui de Louisa May Alcott, toutes deux romancières, 2ème d'une fratrie de 4 filles et opposées à l'idée de se marier. C'est particulièrement vrai dans la scène finale entre Jo et son éditeur : est-ce l'histoire de Jo, qui se marie, ou celui de Louisa May Alcott qui ne se marie pas ?...


La réalisation est un peu classique, un peu convenue et ne laisse guère de place à la surprise. C'est une très sage adaptation du roman. Les principaux thème sont abordés : l'attachement entre les 4 sœurs et leur mère, le foyer simple et chaleureux, les différences de caractère entre les sœurs, la fantaisie et la fibre créative qui les habitent, l'ambition de Jo et d'Amy de réussir en tant qu'artistes.


On retiendra aussi la photographie chatoyante, les beaux paysages de la Nouvelle-Angleterre en automne, les costumes colorés et les décors généreux en accessoires, notamment l'intérieur de la maison, un peu trop beau d'ailleurs pour une famille qui ne cesse de se plaindre d'être pauvre.

Floridjan
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le 19 janv. 2020

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Floridjan

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