Les fils de l’homme marque par la proximité et la crédibilité du future qu’il dépeint et la cohérence totale de son univers, maitrisé par Alfonso Cuarón de bout en bout. Le film est extrêmement bien réalisé, avec un magnifique travail de décor (cette Angleterre décadente et en ruines), des plans séquences à couper le souffle et un Clive Owen dans l’un de ces meilleurs rôles.
Le film est très riche, et aborde ou survole de très nombreux thèmes et idéologies, faisant habilement le grand écart entre le deuil individuel et l’effondrement total de la société. Pollution, fascisme, repli identitaire, inégalités de classe, indifférence de l’élite, terrorisme, destruction de la liberté de la presse, contrôle des populations…. il y a un très grand sens du détail dans chaque scène, qui nous hurle que ce futur est finalement bien plus proche qu’on aimerait. En revanche, 15 minutes supplémentaires pour un peu mieux poser les enjeux et les factions n’auraient pas été de trop. Même si le rythme est excellent et qu’on comprend parfaitement ce qu’il se passe, il manque un petit quelque chose. Ce manque se ressent sur le personnage incarnée par Julianne Moore, dont on ne comprendra jamais vraiment l’importance.
Le style caméra à l’épaule et les plans séquences donnent un aspect reportage au film, et renforce encore plus le chaos et la dérive ambiante. Loin d’être artificiel dans sa réalisation, Cuarón utilise au contraire tout son langage cinématographique, soutenu à la perfection par la photographie terne et sourde d’Emmanuel Lubezki, pour nous plonger en plein cœur de son film, tant d’un point de vue narratif qu’émotionnel.