Puisque je suis en train de m'enchainer les "handmaid's tale" j'ai eu envi de rester dans le même thème et revoir ce film très marquant... J'ai aussi pu observer les réactions de mes camarades et sans aucun doute, il est bien de ce films qui reste en tête!
Déjà, il t'embarque par son ambiance bien plus que par son récit. J’en garde un souvenir fort, avec cette sensation tenace de suffoquer dans un monde à bout de souffle, mais aussi le recul nécessaire pour reconnaître que, malgré son impact visuel et émotionnel, tout ne m’a pas totalement convaincu...
D’un point de vue mise en scène, rien à redire, c’est maîtrisé, viscéral, parfois même bluffant. Alfonso Cuarón, caméra à l’épaule, nous balance en plein chaos sans jamais perdre le fil. Les fameux plans-séquences sont d’une efficacité rare, et offrent des scènes parmi les plus intenses de la SF moderne. Ce film est d'ailleurs connu pour ces scènes techniquement impressionnantes. Il y a une crasse, une tension, un réalisme brut dans ce monde effondré qui frappe plus fort que bien des films catastrophes pourtant plus démonstratifs.
Clive Owen, lui, campe ce héros malgré lui avec justesse. Fatigué, désabusé, mais jamais totalement résigné. On sent que le film repose beaucoup sur cette posture de l’homme ordinaire face à l’extraordinaire. D'ailleurs dans sa relation avec Kee, la jeune femme enceinte, se joue toute une symbolique de transmission et d’espoir fragile. Ça fonctionne, surtout grâce à une direction d’acteurs assez sobre, mais efficace.
Cela dit, ce n’est pas un film que j’aurais envie de revoir tous les ans. J’ai été un peu frustré par certains aspects du scénario, parfois trop linéaire ou un poil trop allusif pour son propre bien. Certaines figures secondaires manquent de densité, et le propos, aussi puissant soit-il, m’a parfois paru appuyé de façon un peu trop frontale. Il y a une beauté dans la noirceur du film, c’est indéniable, mais elle m’a semblé un peu enfermée dans un carcan narratif un peu rigide.
En somme, c’est une œuvre marquante, importante, qui mérite clairement sa réputation, mais qui n’a pas atteint chez moi le niveau d’enthousiasme viscéral que j’ai pu ressentir pour d’autres dystopies. Je reconnais sa puissance et sa maîtrise, mais je garde aussi à l’esprit ce léger détachement qui m’a empêché d’y plonger totalement.