A l’issue de l’introduction monumentale de son dernier film Les Frères Sisters, on comprend qu’Audiard ne sortira pas plus des ténèbres ce monde que ses films précédents le faisaient de leur sujet. Dans l’obscurité, aux origines, une fusillade déchire la nuit. Quittant le lieu ravagé par les flammes, leur mission remplie, Eli Sisters demande à Charlie Sisters, « on en a tué combien, tu crois ? ». Réponse : « je ne sais pas, six ? sept ? » Une question sincère et sa réponse anodine, paresseuse. Le cadre et les caractères sont posés d’une main de maître, et commence alors un western d’une grande ambition.
Il y a les westerns, et tous les autres films. Le western est en effet le genre ultime du cinéma et il en est l’exercice suprême, tous traitements confondus. Il faudrait donc être bien naïf pour ne pas prêter à Jacques Audiard l’intention de réussir pleinement, et plus particulièrement de réussir à Hollywood. Là où tant de non-américains, malgré leur nom, leur talent ou leur fortune, ont échoué. Les Frères Sisters relève un double défi, celui d’une réussite française aux USA, et d’un grand western classique zébré du style de son auteur.
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