Dans les bonus du dvd, William Friedkin avoue que Les garçons de la bande fait partie de ses rares longs-métrages qu'il peut revoir sans honte. Et il bien raison, car c'est ce qu'on peut appeler une franche réussite.
C'est tiré d'une pièce de théâtre éponyme des années 60 qui a la grande particularité de proposer des hommes tous homosexuels. Compte tenu de l'époque, il faut saluer l'audace.
Donc, il s'agit d'une soirée pour l'anniversaire de l'un d'entre eux, et dont l'arrivée d'un invité imprévu va tout chambouler et conduire à l'explosion de ces relations entre hommes. Ces neuf hommes représentent quelque part les différentes représentations de l'homosexualité, entre celui qui n'assume pas sa condition, celui qui passe pour un hétéro ou encore la personne qui revendique fièrement sa sexualité en en faisant des tonnes. Vulgairement, on pourrait dire que ce dernier pourrait être nommé comme étant une grande folle.

Mais aussi déluré que soit cet homme-là, remarquablement joué par Cliff Gorman, il représente la douceur et la légèreté, voire l'humour, de cette histoire par moments très sombre. L'histoire va se diviser en deux temps ; celui où les convives vont aller danser dans une cour extérieure puis, à la suite d'un orage, vont se replier dans le salon où l'un d'entre eux va demander à faire un jeu de la vérité, ce qui va provoquer de grands moments de tension.

Comme je le disais plus haut, le film est tiré d'une pièce de théâtre à succès, et William Friedkin a semble-t-il été très fidèle à l'histoire. Donc, le film se déroule à 90 % dans des décors, sauf un prologue génial où l'on voit la vie de ces hommes à New York, se comportant comme des gens "normaux", et qui représente en même temps ce que fut cette ville à la fin des années 60.
Il est à noter que les neuf acteurs qui composent ce film jouaient également dans la pièce éponyme, en reprenant leurs rôles, et que la grande majorité d'entre eux n'avaient jamais fait de cinéma. D'où la connivence très forte entre eux qui se voit immédiatement. Tous sont formidables, car si ils sentent qu'ils sont un peu dans le ghetto de la société, il sont eux-même dans cette soirée, et plusieurs d'entre eux révèlent de grandes blessures, dont une superbe dernière scène, qui sera la fin des illusions pour l'un d'entre eux.

J'oserais dire que la plus grande réussite du film est que, malgré une très forte connotation homosexuelle, le film a pu toucher quelqu'un comme moi qui ne le suis pas, car il représente au fond une histoire universelle, jamais graveleuse (il y a juste deux baisers et des insultes, mais rien de choquant), et ces comédiens tous épatants.
D'ailleurs, la plupart d'entre eux ont connu une destinée tragique, car depuis la sortie du film, seul trois acteurs sur les neufs sont encore en vie, certains ayant été emportés par le SIDA. Et ils n'étaient pas bien vieux (moins de soixante ans)...

Gloire soit rendue à Carlotta d'avoir proposé le dvd de ce film, très rare (il était inédit en France depuis sa sortie), car il s'agit bien d'un film majeur de William Friedkin. D'ailleurs, son film suivant était French Connection...
Boubakar
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le 16 avr. 2014

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Boubakar

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