Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Trois heures du matin. Je n’ai rien à faire, ou plutôt, j’ai des tas de choses à faire que je remets au lendemain. Je prends mon ordinateur, je tombe sur un film dont le titre ne m’est pas inconnu. Bertrand Mandico - j’associe l’artiste à un clip musical qui vient de sortir (cfr. Kompromat - "Niemand") Je n’ai que de belles images en tête, tantôt colorées, tantôt surréalistes. Alors je lance la lecture du film, mais je m’en veux dès le départ : je le regarde à partir de mon ordinateur. D’un autre côté, je n’avais pas d’autres choix, il n’a jamais été distribué dans les cinémas de ma ville. Enfin, j’accède au spectacle.


Au départ, je ne comprends rien. Je n’avais pas lu le synopsis en amont, et je ne m’étais pas informée sur le choix des acteurs. Dans l’incompréhension des premières minutes, je me fais tout de même une réflexion : Mandico est un artiste. Il a créé son univers et il m’est impossible de le situer dans une analyse comparative (si ce n’est le montage qui me rappelle maigrement Eisenstein) Plus j’avance, et plus je découvre des garçons dont la sauvagerie n’est qu’une carapace. Ils sont jeunes, beaux et chauds. Leur performance me flatte, d'autant plus qu'ils me plaisent. Et puis, il y a ce bateau, ce capitaine, il y a cette île où ils échouent et une rencontre soudaine. Sans oublier les apparitions discrètes de Trevor, le Dieu de l’eros (le Dieu tout court?), et les éléments de perversion en tout lieu, ce qui ne déplaît pas aux garçons.



Elle est douce, la terre, aux voeux des naufragés, dont Poseidon en
mer, sous l’assaut de la vague et du vent, a brisé le solide navire :
ils sont là, quelques-uns, qui, nageant vers la terre, émergent de
l'écume ; tout leur corps est plaqué de salure marine ; bonheur ! ils
prennent pied ! ils ont fui le désastre ! (L’Illiade, Homère)



Bonheur ! car ils retrouvent un bout de terre où les désirs sont assouvis : c’est l’île de la transformation, l’île de la métamorphose. Les garçons deviennent hommes, les filles deviennent femmes. Ceux qui souffrent sont ceux qui restent entre les deux, car même dans un monde fantastique les tabous terrestres persistent. La métamorphose, c’est aussi la fin du voyage, celui accompagné d’une mélodie transcendante qui lie l’inconscient à un monde imaginaire, atteignant une force quasi métaphysique.


"Les Garçons sauvages" - un semi-expérimental qui mélange le cinéma, la mythologie et la peinture, et qui nous fait vivre la magie surréaliste de l’île. C’est un voyage que je re-testerai avec plaisir, mais cette fois, sur un écran de cinéma.

msayd
8
Écrit par

Créée

le 19 janv. 2019

Critique lue 257 fois

2 j'aime

3 commentaires

msayd

Écrit par

Critique lue 257 fois

2
3

D'autres avis sur Les Garçons sauvages

Les Garçons sauvages
Fritz_Langueur
10

A l'ombre des jeunes filles en fleurs...

D’ordinaire, avant de voir un film, je m’intéresse à l’histoire, aux noms du réalisateur et acteurs, je vois des images... Souvent je jette un œil ça et là pour en savoir un peu plus. Mais parfois je...

le 1 mars 2018

63 j'aime

3

Les Garçons sauvages
Sergent_Pepper
7

L’île de l’ostentation

Et si, pour innover, il fallait revenir aux origines ? Pour briser la gangue d’un cinéma qui croit depuis trop longtemps être parvenu à maturité, frayer à contre-courant jusqu’aux sources...

le 21 mai 2018

51 j'aime

4

Les Garçons sauvages
Culturellement-votre
4

Entre beauté formelle et vacuité profonde

Les garçons sauvages est un film formellement abouti et interprété avec brio. Mais il reste continuellement en surface, dans une pose supposément transgressive, excessivement irritante par moments, à...

le 3 janv. 2018

44 j'aime

2

Du même critique

Paris, Texas
msayd
10

Les hommes ne pleurent pas

Les hommes ne pleurent pas et ne parlent pas, ils se taisent et s’éloignent, loin de la civilisation et des semblables. Ils s’éloignent afin de ne plus revoir le reflet d’eux-mêmes, car les hommes...

le 23 nov. 2018

7 j'aime

3

Donbass
msayd
7

C’est notre Mère à tous qui est malade

A première vue, il s’agit d’un film hybride qui se situe entre le documentaire et la fiction, ou entre la réalité et l’absurde. Pourtant, ce sont bien des scènes de la vie que le réalisateur -...

le 17 janv. 2019

5 j'aime

La Favorite
msayd
7

La ferme à Lanthimos

Depuis son œuvre absurde et contre-utopique "The Lobster", Yorgos Lanthimos laissait incontestablement une image de re-nouveau dans l’esprit de certains. Cette année, il nous revient avec "La...

le 28 janv. 2019

4 j'aime

7