Galaxhilarant

Il y a maintenant trois ans, une bande de bras cassé maniant aussi bien la gâchette que l'auto-dérision et la vanne facile venait mettre un beau bol d'air frais et surtout d'impertinence bien trempée dans un "Marvel Cinematic Universe" (MCU) ronronnant et répétitif, j'ai nommé... Les gardiens de la galaxie.
La musique délicieusement nostalgique et rétro, les références cyniques sur fond de culture "pop geek" , des personnages antihéros se revendiquant avec fierté comme tel, un montage très fluide et assez bien rythmé... L'ensemble de ces éléments avaient suffit à faire des "Gardiens de la galaxie volume 1" le plus gros carton de l'été 2014, ayant eu le mérite de ravir autant la critique que le grand public.

Dès lors, c'est dire si l'on se réjouissait d'avoir des nouvelles de Star-Lord et sa bande. Maintenant que l'on en a, sont-elles à la hauteur des attentes ?
A la fois... Oui et non.
Oui, dans la mesure où tout ce qui faisait le charme du 1er opus se voit ici, dans le cas de cette suite, multiplié par cent.
Non, dans la mesure où le film, bien que très plaisant, est beaucoup trop inégal.

Le principal problème de ce deuxième volet réside dans son scénario, beaucoup trop vague. Tenant en seulement deux lignes (Star-Lord, à la suite d'une gaffe commise par Rocket lors d'une mission, retrouve son père biologique qu'il n'a jamais connu et tente dès lors de renouer le contact avec lui tandis qu'à l'autre bout de la galaxie, Rocket se voit contraint de s'allier à Yondu, le "père de substitution" de Star-Lord pour échapper à une poignée de ravageurs revanchards). C'est donc sur base de ces deux lignes de scénario que le film construit son récit, et SEULEMENT sur celles-ci; le reste s'appuyant sur une suite de vannes à n'en plus finir et sur des morceaux de bravoures aussi spectaculaires que tape-à-l'oeil, à grands renforts de CGI et de gloubi-glouba numériques en veux-tu en voilà.
En soi, avoir fait le choix de tout miser sur l'humour, l'auto-dérision et le politiquement incorrect n'est pas spécialement une mauvaise idée dans la mesure où, il faut bien le dire, cela insuffle au film une efficacité comique comme on n'en a plus vu depuis très longtemps; les vannes et successions burlesques se succèdant à un rythme effréné à un point tel que l'on en viendrait presque à demander au film de s'arrêter tant nos côtes et zygomatiques en prennent un coup. Le principal problème réside dans le fait que cet humour quasi omniprésent finit par prendre le pas sur le scénario, et qu'on a plus l'impression d'assister à un "one man show" interminable plutôt qu'à un vrai film de super-héros ou de S-F, ou même des deux.
A force de vouloir trop en faire, le réalisateur James Gunn, qui était déjà celui du premier volet, finit par franchement noyer son bébé dans une bouillabaisse sans limites et mal fichue dans laquelle gravite autour (par ci, par là) 2-3 ressorts scénaristiques plus ou moins intéressants et par ailleurs très vite expédiés (la relation Drax/Mantis, le plan du père de Star Lord).
Et pourtant, on sent que Gunn s'est beaucoup amusé en écrivant cette suite, très riche (plus encore que le premier) en clins d'oeil, parfois trop appuyés, à la culture pop-geek. De même, on sent que ce "volume 2" a clairement envie de faire un gros pied de nez à ses collègues Iron Man, Captain America et autres Thor, dont les suites étaient beaucoup trop formatés pour convaincre pleinement. Malheureusement, se lâcher complètement dans ses ambitions ne suffit pas à convaincre, et encore moins à faire un meilleur film que le précédent.

Ce qui faisait en partie la réussite des "Gardiens de la galaxie volume 1", c'était le fait que le film parvenait à trouver le juste équilibre entre action pure, second degré parfaitement assumé et séquences émotives pas trop gnan-gnantes; chose que ce "volume 2" ne parvient jamais à faire, se contentant de laisser ses personnages s'ébattre en totale roue libre (les comédiens eux-même semblent par moment se demander ce qu'ils doivent vraiment jouer) pendant un peu plus de 2 heures de film que l'on sent d'ailleurs franchement passer, autre défaut que le "volume 1" avait su éviter avec soin.

Ceci étant, malgré ces (grosses) réserves, "Les gardiens de la galaxie volume 2" contient son lot de bons moments, à commencer par l'humour déjà évoqué plus haut, mais aussi par la présence de guest-stars que l'on prend plaisir à revoir : Kurt Russell, dans le rôle du père biologique de Star Lord, et, dans un rôle plus éphémère, Sylvester Stallone (par ailleurs très sobre) dans celui d'un chasseur de primes vieillissant.
De même, la séquence d'ouverture, mettant en vedette le craquant "Baby Groot", est plutôt réussie et montre que James Gunn, au contraire de la plupart des autres réalisateurs des films du MCU, possède une vraie patte personnelle, ayant l'audace (le temps de cette scène d'introduction) de se moquer ouvertement du grand spectacle et du trop plein d'action qui a tendance, depuis quelques temps, à enfoncer le MCU dans la redite et le "trop plein les yeux" au détriment d'uné véritable signature artistique.

Bref, ce "volume 2" des "Gardiens de la galaxies" constitue donc une petite déception dans son ensemble, à force d'avoir voulu trop décupler les qualités du premier opus.
Reste un divertissement somme toute assez sympathique, qui a au moins le mérite de faire passer un très bon moment de rigolade.
C'est pas mal... mais c'est franchement pas assez !