De l'autre côté du périph'
Il est vrai que ma critique risque d'être tronquée ou faussée par mon jugement et mon métier d'enseignant. De plus, je ne vais pas m'évertuer à tenter d'établir un semblant de critique cinématographique à proprement parlé. La seule remarque que je pourrais faire sur le côté technique est la surabondance de plan visuel inutile sans aucun but de contextualisation ou d'importance pour la trame scénaristique.
En ce qui concerne le fonds, il ne faut pas se leurrer, ce film se vend par l'émotion. La bande son, réalisée pour partie par Ludovico Einaudi apporte un côté très sentimentaliste, qui est en soit le but recherché par la réalisatrice. Toutefois, je vous l'avoue, ce sentimentaliste permet de caractériser le film en tant que tel et non pas en documentaire. Il serait également judicieux de souligner l'aspect plus ou moins caricatural de certains personnages dont le rôle n'est pas d'un intérêt crucial pour la logique du film (nouveau converti à l'islam, tentative de viol dans les couloirs du lycée). Ces micros scènes servent davantage à contextualiser grossièrement le quotidien de ces lycéens.
Attardons-nous sur le fonds. Le concours national de la Résistance et de la Déportation. A l'heure où le communautarisme et l'exclusion grandissent, la thématique du film montre, selon une histoire vraie, l'importance et l'utilité de faits historiques qui fédèrent et permettent une cohésion qui ne s'arrête pas à une simple cohésion sociale mais plus une cohésion humaine. Rappeler l'un des moments les plus tragiques du XXe siècle est sans conteste l'une des premières missions d'un enseignant d'Histoire. Mais là, on dépasse toutes les attentes les plus imaginables d'un enseignant. Arrivé dans un établissement sensible où les communautés ethniques et/ou religieuses et pouvoir défendre un projet avec une classe dite "dure" ainsi que de le faire aboutir. N'est-ce pas un rêve pour tout enseignant ? J'ai pu lire que la personnalité donnée aux adolescents tendait au ridicule. C'est pour moi ce qui les humanise. On s'attache à ces caïds qui finalement s'investissent dans ce concours, qui s'y intéressent. C'est pour moi une leçon de vie pour l'Education Nationale, pour la vision qu'on a des adolescents dans des lycées "ZEP". Il n'a été question ici, ni d'intelligence ni de classement ni de jugement. Simplement d'une réflexion qui les touche, qui les émeut, qui les élève.
On pourra dire que l'ensemble du film est une caricature d'un établissement de région parisienne sensible. Il est vrai que certains personnages posent leur réplique tel un pavé dans la marre. La prof de français, le proviseur, la première scène du film avec la bachelière voilée. Mais c'est en soit, à un moment ou à un autre, ce qui s'est et se qui se passera dans les lycées, sans en pointer un du doigt. Alors bien sûr, tous ne sont et ne peuvent pas être affectés par un projet comme celui-ci soit par choix, soit par mécontentement contre le système ect... . Mais il ne faut pas voir ce film comme la caricature qui voudrait être le reflet d'un établissement et plus largement d'un microcosme de région parisienne. Selon moi, il faut y avoir une belle histoire, réelle. Ces gamins "de l'autre côté du périph" peuvent y arriver. Il ne faut certes pas écarter les difficultés des élèves, des enseignants. Mais, je pense, qu'on peut tous voir dans ce film, une certain pédagogie soit dans l'enseignement soit dans notre vision de ces gamins et plus largement de notre société.
