Et on tuera tous les affreux.Boris,un médecin traumatisé par un drame personnel,est devenu insomniaque et se balade la nuit dans Paris pour y recruter des complices parmi les gens qui comme lui n'arrivent pas à dormir.Ils forment une association secrète qui se met à punir tous les salauds notoires de la haute société.Il s'agit là d'un de ces Mocky que le cinéaste tournait à la chaîne dans les années 2010 avec trois bouts de ficelle,et qu'on pourrait baptiser les "exclusivités Desperado",du nom du cinéma dont Jean-Pierre était propriétaire et qui était la seule salle dans laquelle ils étaient distribués.Comme d'hab,JP fait à peu près tout par mesure d'économie.Producteur,via sa boîte Mocky Delicious Products,réalisateur,scénariste,monteur et,comme souvent,acteur principal.Il adapte ici très librement une nouvelle de l'écrivain américain John Lutz,car il aimait bien porter à l'écran des polars d'Outre-Atlantique.Mocky,pour donner du vernis à son affaire,présente abusivement l'auteur comme un collaborateur d'Hitchcock alors que sa relation avec Hitch se limite à la publication de textes dans la revue Alfred Hitchcock's Mystery Magazine,qui proposait des nouvelles policières.La contribution d'Hitch se résumait à sélectionner les textes et à se fendre d'un éditorial en introduction de chaque numéro.Si le chef-opérateur Jean-Paul Sergent et le compositeur Vladimir Cosma proposent une image et une musique cadrant assez bien avec l'ambiance nocturne du film,on ne peut en dire autant du scénario concocté par Mocky et André Ruellan,ni de la mise en scène de JP.L'idée est de se rebeller contre les dérives insensées de l'ordre établi en s'attaquant directement à ses représentants.Pourquoi pas,on appelle ça révolution ou terrorisme selon le côté de la barrière duquel on se trouve,et la perspective de châtier escrocs patentés,politiques corrompus,affairistes prédateurs ou juges pourris peut paraître séduisante,surtout par les temps qui courent, même si cette apologie décomplexée de l'extorsion,du viol et du crime dégage à la longue des relents plutôt nauséabonds.Mais comme toujours Mocky,aveuglé par son gaucho-anarchisme à courte vue,est à côté de la plaque,ne se rendant pas compte que si on change les membres de l'oligarchie,ceux qui leur succèderont ne se conduiront pas mieux parce que la cupidité est dans la nature humaine et que la puissance et l'argent sont aptes à modifier le comportement de n'importe qui,ce qui s'est vérifié sous tous les régimes communistes ou apparentés.Le pire avec "Les insomniaques" est cependant ailleurs,car on peut pardonner beaucoup à une oeuvre si elle est fabriquée avec talent.Non content d'être fauché,Mocky se plante avec sa réalisation figée qui fait avancer son intrigue débile à la vitesse d'un nonagénaire frappé du couillonavirus,c'est du polar-déambulateur.Les scènes d'action sont si molles et si mal fichues qu'elles ne peuvent inspirer que la pitié,et elles sont entrecoupées de longues séquences dialoguées où les personnages débitent des propos politico-philosophiques de niveau bac à sable d'une vacuité prétentieuse et d'une imbécilité scandaleuse,agrémentés de jeux de mots vaseux dignes de l'infecte série "Capitaine Marleau" et que même Laurent Ruquier n'oserait pas proférer.Par ailleurs,les méchants sont si caricaturaux qu'on n'y croit pas une seconde.Ils n'inspirent ni crainte ni dégoût,ils sont juste ridicules et pitoyables.Du reste,rien n'est crédible dans ce pathétique navet.On ne comprend pas,et on ne saura jamais,comment les insomniaques sont si bien renseignés,on ne comprend pas pourquoi le fait d'être insomniaque prédispose à devenir révolutionnaire,on ne comprend pas pourquoi les personnages prennent parfois la peine de se masquer,ouais on trouvait des masques à l'époque,voilà où ils sont passés,et parfois non,on ne comprend pas comment les justiciers atteignent aussi facilement leurs cibles dont on ne comprend pas pourquoi ils ne bénéficient d'aucune protection.Essayez donc,vous,d'aller choper un ministre ou un grand patron du CAC 40,et là vous comprendrez.Bref,on ne comprend rien,ou on ne comprend que trop bien que tout ça est écrit comme de la merde.Ca rappelle d'autres films "punitifs" sortis du temps où JP avait du talent et un peu de pognon,comme "Solo" ou "Noir comme le souvenir",infiniment meilleurs,et l'histoire évoque aussi le formidable "La nuit des juges" de Peter Hyams.Le cinéaste avait au moins le mérite de faire travailler une fidèle équipe,dont les membres vont être cités ici car les malheureux,s'ils n'étaient pas bien payés par Mocky,doivent désormais avoir du mal à trouver du taf depuis la mort l'an dernier de leur employeur principal.Faisons donc un peu de pub à Francis Bonfanti,ingé son,Eric Lesage,chef machiniste,,Audrey Ursule,maquilleuse,Charles Van der Elst,mixeur,Antoine Delelis,assistant réalisation et montage,et acteur en plus,tout comme le responsable des maquillages SFX,complètement foireux d'ailleurs,sans doute faute de budget,Alexis Wawerka.Pour ce qui est de l'interprétation,Mocky confirme qu'il est devenu un bien piètre comédien en vieillissant,alors que jeune il était assez convaincant.Il a réussi à entraîner dans ce gouffre quelques célébrités comme Bruno Putzulu,Mathieu Demy et Rufus,qui parviennent à être bons malgré la nullité de leurs textes et de leurs personnages.A part ça,on a droit au traditionnel défilé de trognes plus ou moins ravagées de la bande d'acteurs qui taffaient grâce au réalisateur et qui sont maintenant dans la panade:Christian Chauvaud,Laurent Biras,Noël Simsolo,Jean Marie Blanche,le fils de Francis Blanche,Alain Schlosberg,Michel Francini,Jean-Pierre Clami,Jean Abeillé,Freddy Bournane,Hervé Pauchon,Fabrice Colson,Michel Stobac et l'ex braqueur et taulard Roger Knobelspiess.Côté féminin,il y a Patricia Barzyk,la dulcinée de Mocky et,plus étonnant,la très mignonne Coralie Audret,devenue depuis actrice récurrente de "Plus belle la vie" en remplacement de Sara Mortensen.

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le 23 mars 2020

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