Les bandes-annonces laissaient présager une certaine appréhension pour ce film, le design n'ayant visiblement pas convaincu tout le monde. Mais après l'avoir découvert en avant-première, je suis formel : c'est une franche réussite !
Le scénario du film ne cherche pas à adapter la bande dessinée à la virgule près et propose quelque chose de différent, ce que l'on attend justement d'une adaptation. L'histoire qu'il raconte est tout à fait dans l'esprit des BD de Patrick Sobral, avec quelques légères remises au gout du jour (Jadina s'inquiète autant que Shimy pour l'environnement, Razzia est devenu coach en développement personnel…). Même si les clins d'œil à l'œuvre d'origine font que le film parlera davantage aux connaisseurs, les non-initiés sauront rentrer dans cet univers sans problème.
Différence également au niveau de l'humour : exit les calembours vaseux et le slapstick façon manga de la BD. L'humour est avant tout verbal (sarcasmes de Shimy, traits d'esprit de Gryf…). Fort heureusement, on ne tombe jamais dans l'immaturité, et le tout est bien rythmé et dosé : les personnages sont majoritairement sérieux, et les plus comiques, comme Razzia ou Gryf, ne sont jamais ridicules.
Niveau visuel, bien que les chara-designs en aient rebuté plus d'un, je trouve que l'on s'y fait assez vite : à l'instar du Tintin de Steven Spielberg, il est normal que l'on cherche à s'écarter du style de l'orignal dans une adaptation. Après tout, l'important, c'est que les fans arrivent reconnaitre qui est qui, et pour les néophytes, la question ne se pose même pas. De plus, les personnages sont bien expressifs, tant dans leurs visages que dans leurs corps. Parallèlement, les décors, les effets visuels et la lumière sont très réussis.
Parlons maintenant de l'audio. Là encore, plusieurs émettaient des réserves sur l'utilisation de star-talent, notamment avec Roman Doduik en Danaël. Encore une fois, les craintes sont vite démenties : les Légendaires sont bien castés, et chacun est crédible dans son personnage, Doduik le premier. Au contraire, j'ai l'impression que ceux qui ont été recrutés avant tout pour leur notoriété sont justement les comédiens de doublage chevronnés, tels que Christophe Lemoine, Dorothée Pousséo ou encore Lucien Jean-Baptiste, car leurs personnages sont assez peu présents. Toujours est-il que tout le casting est très bon (mention spéciale à Antoine Schoumsky, le scénariste du film, en Gryf, et à Damien Witecka en Darkhell). Et bien sûr, la musique de Cécile Corbel et Simon Caby achève de transcender l'émotion ou l'énergie de chaque scène.
En résumé, le film est largement à la hauteur des attentes dues à la notoriété du matériau de base. Le réalisateur Guillaume Ivernel et son équipe n'ont pas à rougir de ce qu'ils nous ont offert. Il n'y a plus à espérer que le film trouvera le succès, et fera découvrir cette bande dessinée iconique à une nouvelle génération… Et bien sûr, on attendra la suite avec encore plus d'impatience que le premier !
(PS : Ce film confirme au moins une chose : les adaptations de BD au cinéma, c'est en-a-ni-ma-tion !)