Déjà auteur de l'intriguant Malpertuis, adaptation intéressante mais bancale du chef d'œuvre de Jean Ray, Harry Kümel s'attaque ici a une grande figure du fantastique; la comtesse sanglante Erzebeth Bathory, remise au gout du jour l'année dernière par Julie Delpy dans son excellent La Comtesse. Abandonnant complétement le décorum gothique habituel du genre, sans vraiment se séparer de certains de ces stéréotypes, Les Lèvres Rouges prend pied dans l'univers contemporain d'un grand hôtel vide et nous conte l'histoire d'une lutte de pouvoir entre la comtesse et un homme pour la possession de sa jeune épouse. Non dénué d'une certaine ironie, Les Lèvres Rouges développe une atmosphère lancinante de sadisme et de dépravation au travers des portraits de la comtesse, une succube magnifiquement campé par Delphine Seyrig, et du mari, attiré par la mort et la torture. C'est dans ce parfum délétère de corruption et de sensualité trouble que la jeune marié sera emportée, une innocente coincée entre une harpie et un sadique dont le destin basculera en faveur d'un final très ironique. Si Kümel exploite avec habilité les décors a sa disposition et crée un climat oppressant servant parfaitement une histoire de vampires moderne, sa plus grande qualité fut sans doute de magnifier Bathory a chacune de ces apparitions. Troublante en immortelle délicate, cruelle, sophistiquée, d'une envoutante et monstrueuse sensualité Seyrig compose ici une figure obsédante et inoubliable du fantastique.
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le 29 mars 2011

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