C'est une fable sur l'enfance et le sens de la vie, un récit simple fonctionnant par ellipses successives, comme des éclipses. Si l'approche est naturaliste mais comme hors du temps, le film ne cesse de confronter ses personnages à des situations tantôt réalistes, tantôt absurdes.

Le chef de famille, c'est Gelsomina. Elle fait autorité auprès de ses jeunes sœurs, de sa mère douce mais rebelle, et surtout de son père mal aimant, idéaliste autoritaire et vindicatif. La famille habite dans une ferme délabrée et produit du miel. La méthode est artisanale, la situation précaire, c'est un peu la fin du monde.

Le temps est suspendu, la vie de même, presque coupée du monde, se frottant d'un coup à d'autres réalités tout aussi décalées, Martin, le jeune délinquant Allemand, Milly, la "fée" présentatrice d'une de télé-réalité improbable. La vaillance de Gelsomina, sa volonté farouche de conjuguer l'impossible, ses rêves d'évasion et son besoin de rester, sont le ciment d'un récit bancal mais profondément attachant.

Maria Alexandra Lungu n'est pas pour rien dans l'affection que l'on éprouve pour son personnage. Monica Belluci, Alba Rohrwacher et les autres sont parfaits.

On a bien du mal à comprendre les saillies haineuses dont le film fut l'objet. S'il n'est pas inoubliable, le second long métrage d'Alice Rohrwacher nous joue en mode mineur une musique tendre et intime, comme une comptine.
pierreAfeu
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le 18 févr. 2015

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pierreAfeu

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