Qui a tort ou raison entre les deux camps ? Aucun des deux. Un très bon film réaliste de la cité.

A la base, je n'avais pas l'intention d'aller voir ce long-métrage mais sa popularité m'a donné envie d'y aller, et aussi pour sa bande-annonce qui nous faisait quelques promesses. Ma plus grande peur était que ce long-métrage soit bien vendu uniquement par son sujet, mais ma peur fut rassurée au fur et à mesure que le long-métrage continuait. Après quelques recherches, j'ai remarqué que ce long-métrage était une réadaptation d'un court-métrage du même nom fait par le même réalisateur, comme quoi le monde est petit. Enfin, le fait de ne pas avoir vu le court-métrage ne m'a empêché d'aller voir le long-métrage. J'avoue que c'est un très bon long-métrage que j'ai eu l'occasion de voir mais je garde quelques petites déceptions.



+ Positif



Personnages: Stéphane (Damien Bonnard) a quitté la police de Cherbourg afin de venir ici et pour se rapprocher de son fils qui vit avec sa ex-femme. Il est le nouveau policier du quartier et on découvre ses collègues de son point de vue. C'est un personnage attachant qui essaye de faire évoluer les choses au sein de son groupe, on sent qu'il fait de son mieux malgré les difficultés de ses collègues, surtout Chris, mais on a envie de le voir réussir.
Chris (Alexis Manenti) est un chef de brigade habitué à son métier et qui profite de son autorité pour faire respecter la loi à sa manière. Il est détestable mais il est nécessaire pour voir que certains policiers veulent juste profiter de faire la loi comme lui.
Gwada (Djibril Zonga) est un membre de la brigade qui fait respecter la loi d'une manière un peu plus raisonnable. Contrairement à Chris, il sait ne pas aller trop loin, mais on est jamais à l'abri d'un accident quand la foule est sur nous.
Le Maire (Steve Tientcheu) est responsable de la cité et il fait de son mieux pour l'entretenir avec ses camarades. Cependant, même lui est limité question pouvoir à cause de la police, et il est prêt à tout pour avoir les pleins pouvoirs. C'est un personnage assez intéressant à suivre.
Issa (Issa Perica) est un jeune garçon qui passe son temps à enchaîner les bêtises graves (pour ne pas dire c********). C'est un garçon qui passe son temps à faire ce qui lui plait et qui continue malgré le fait que la police l'ait prévenu plusieurs fois. Je n'apprécie pas cet enfant mais son évolution va avec ce qu'il a subi dans ce long-métrage, c'est intéressant.
Buzz (Al-Hassan Ly) est un petit garçon qui se sert de son drone pour filmer le quartier mais c'est aussi un garçon qui se fait souvent malmener par les filles de la cité, comme si il était leur serviteur. Malgré son voyeurisme, c'est un des seuls enfants attachants de ce long-métrage, il m'a fait un peu de peine avec tout ce qui lui arrive ici.


Philosophie: Et bien, si on m'avait dit qu'il y aurait un brin de philosophie avec Salah, je n'y aurais pas cru, et pourtant c'est vrai. Un des personnages est un philosophe qui ne prend aucun parti en favoritisme. Limite, je me demande si il n'est pas là en tant qu'exemple à suivre, étant donné qu'il refuse de rejoindre l'un des deux camps. En tout cas, un peu de philosophie ne peut faire que du bien dans ce genre de long-métrage.


Marquant: On dira ce qu'on veut mais ce long-métrage est un long-métrage marquant. On ne peut pas rester indifférent en le regardant vu que celui-ci s'adresse à nous directement. En tout cas, c'est un long-métrage qui ne vous fera pas ressortir indemnes, c'est pourquoi je déconseillerais de le montrer aux enfants de bas-âge parce qu'il ne comprendrait pas (il y en avait pendant ma séance).


Points de vue: On découvre la cité de deux points de vue, celui des policiers qui font la loi à leur manière, et celui des habitants de la cité. C'est intéressant de découvrir la cité de ces deux points de vue parce que ça nous permet de mieux comprendre les deux camps dans leurs actions, même si ça ne justifie pas tout et qu'on ne peut pas tout pardonner.


Enfants: Ils sont détestables, mais c'était voulu. En effet, les enfants ne font que provoquer la police, chercher les ennuis et j'en passe, mais c'est fait exprès pour le réalisme de ce long-métrage. Et puis, quand nos parents ne font jamais attention à tout ce que font leurs enfants, pas étonnant qu'ils pensent pouvoir faire tout ce qu'ils veulent.


Histoire: Stéphane vient d'arriver dans la police de Paris, il intègre sa nouvelle brigade dont il va apprendre la manière de faire la loi dans la cité. C'est une petite histoire intéressante à suivre pour l'évolution de Stéphane, va t-il devenir comme eux ou meilleur qu'eux ?


Introduction: Démarrer le long-métrage par les jeunes de la cité qui vont assister à la victoire de la France lors de la coupe du monde est une bonne introduction qui nous les présente comme des citoyens comme les autres et nous donne envie d'en savoir plus sur eux.


Tension: La plupart des scènes de ce long-métrage sont travaillées en terme de tension. On a de quoi avoir peur pour les personnages, que ce soit pour les policiers ou pour les enfants par exemple. En tout cas, j'ai eu peur plusieurs fois pour eux.


Fin: C'est une fin pleine de mystère, comment cela va se terminer pour les policiers ? Et pour Issa ? On l'ignore et cette fin ne nous la dira pas de nous-mêmes, c'est à nous d'imaginer la fin de cette histoire, y compris avec la citation de Victor Hugo.


Décors: Ils sont réalistes et très bien travaillés. Je pense que ce long-métrage a été tourné dans de vrais lieux afin de privilégier le réalisme. Dans tous les cas, ça reste des décors de très bonne qualité qui rendent le long-métrage plus réaliste.


Mise en scène: Elle est assez intéressante à suivre. En effet, la mise en scène arrive à nous raconter certaines choses sans qu'on ait besoin de dialogue et elle arrive aussi à renforcer certaines situations, c'est du bon boulot.


Jeu d'acteur: Si on ne compte que les adultes, ils s'en sortent plutôt bien dans la majorité. Il est vrai que les acteurs semblent surtout se jouer eux-mêmes, mais on sent qu'ils s'investissent réellement, surtout dans les moments de tension.


Musiques: Il y a beau en avoir peu (on y reviendra plus tard), ça ne les empêche pas d'être magnifiques. En effet, les musiques sont très belles et arrivent à correspondre aux différentes ambiances de ce long-métrage.


Réalisme: C'est une des plus grandes forces de ce long-métrage, il est réaliste. En effet, le réalisme de ce long-métrage rend les scènes beaucoup plus fortes et réussit à impacter encore plus les spectateurs.


Inattendu: Il y a certaines choses auxquelles je ne m'attendais pas en regardant ce long-métrage. J'avoue avoir été surpris plus d'une fois, surtout par rapport aux différents événements qui se déroulent.



- Négatif



Aspect: J'ai plus l'impression de voir un documentaire qu'une véritable fiction. Attention, je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, mais j'ai l'impression que le réalisateur n'a pas choisi le bon genre pour utiliser la caméra de cette manière. Après, ça reste bien travaillé dans la mise en scène, mais elle donne plus un aspect documentaire alors qu'il s'agit d'une fiction (et même pas une docu-fiction comme La Marche de l'Empereur).


Caméra: Je ne suis toujours pas fan de la caméra tremblante. Je peux comprendre son utilisation pour quelques scènes mouvementées et pour donner un aspect documentaire au long-métrage, mais ce n'est pas un documentaire, c'est une fiction. Après, ce n'est pas un drame mais ça aurait été mieux si la caméra tremblait un petit peu moins.


Musiques: Je n'ai pas eu l'impression d'avoir entendu beaucoup de musiques, il n'y en avait que deux d'après le générique de fin. Je trouve que ça fait trop peu de musiques, ils auraient du se limiter à trois ou à quatre pour que ça fonctionne mieux. Et puis, les musiques sont tellement bonnes que ça m'étonne de ne pas en avoir plus.


Zooms: Je ne comprends pas l'utilisation des zooms. Je ne dis pas que c'est mauvais mais je ne comprends pas leur intérêt. Parfois, ils interviennent alors qu'on a déjà le personnage mis en évidence par le cadre. Je me demande si le coup des zooms était réellement nécessaire.


Jeu d'acteur: Les acteurs principaux s'en sortent assez bien dans la majorité, mais on sent que les enfants ont du mal à pleinement s'investir dans leurs rôles. Après, ce sont des enfants, c'est normal qu'ils aient plus de difficulté à jouer que les adultes, c'est pardonnable.


!!! PARTIE SPOIL !!!


Evolution: Est-ce qu'on peut dire qu'Issa est devenu un terroriste à la fin ? Parce que c'est l'impression que ça donne en tout cas. Après, ce n'est pas étonnant qu'il ait tourné ainsi après tout ce qu'il a vécu dans ce long-métrage, mais il l'a un peu cherché aussi. Je ne dis pas qu'il méritait de se faire tirer dessus, mais qui sème le vent, récolte la tempête, même si il essaye de renvoyer cette tempête encore plus fort.


Punition: Je savais que les gitans allaient punir Issa du vol du lionceau, et à juste titre, mais je ne m'attendais pas à ce que ça se passe ainsi. Ils l'ont quand même enfermé dans la cage et rapprocher du lion exprès pour lui faire peur, c'est dangereux. Je veux bien que certaines personnes aient la tête dure, mais là c'est une punition assez sadique quand même.


Blessure: Je ne suis pas un expert d'armes de policier mais je ne pensais pas que le flashball pouvait laisser des séquelles de ce genre. Après, c'est vrai que la police n'aurait pas du lui tirer dessus mais les gens adorent interpréter les choses à leur avantage aujourd'hui aussi.


Au final, c'est un très bon film que j'ai eu l'occasion de voir au cinéma. Avec des personnages aussi bien travaillés, sa mise en scène, sa petite histoire intéressante, ses décors de qualité, son réalisme et sa tension qui fonctionnent très bien. Après, ça ne me fait pas oublier l'utilisation des zooms, le peu de musiques et la caméra tremblante qui ne fonctionne pas tout le temps, mais ça reste un long-métrage très bien travaillé. Bref, je vous recommande d'aller le voir au cinéma, c'est vraiment un long-métrage qui arrive à nous prendre dans ses filets du début à la fin, il est très captivant.

FloYuki
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 2019 (officiel)

Créée

le 10 déc. 2019

Critique lue 1.1K fois

3 j'aime

FloYuki

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

3

D'autres avis sur Les Misérables

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

Les Misérables
guitt92
5

La haine c'était mieux avant

"Les misérables" est certes un constat d'urgence, un geste politique important qui mène à une conclusion pessimiste et sombre, beaucoup plus qu'il y a 25ans. OK. Mais je suis désolé, ce n'est pas du...

le 20 nov. 2019

124 j'aime

23

Les Misérables
Velvetman
7

La Haine

Ce n’est que le deuxième jour du Festival de Cannes 2019. Cependant, un souffle de fraîcheur surgit précocement. Les Misérables de Ladj Ly fait l’effet d’un immense coup de boutoir aussi rare que...

le 13 nov. 2019

88 j'aime

1

Du même critique

Fermez-la
FloYuki
1

C'est comme ça qu'un homme lambda se prend pour un faux-justicier d'internet.

Je m'étais promis de ne plus faire de critique sur les émissions web ou sur certains youtubeurs. J'avais déjà écrit sur certains youtubeurs que je n'appréciais pas particulièrement par le passé dans...

le 23 avr. 2021

30 j'aime

82

Joker
FloYuki
10

Place à la folie dans une ville aussi pourrie ! Un nouveau Joker à la hauteur de ses prédécesseurs.

Critique audio: https://www.youtube.com/watch?v=AHgPNshCVm4 Comme vous le savez, je suis très fan de l'univers de Batman ainsi que du meilleur méchant jamais créé dans l'univers de DC, le Joker. Dans...

le 12 oct. 2019

26 j'aime

30

Les Indestructibles 2
FloYuki
9

14 ans plus tard, les Indestructibles reviennent avec la même gloire que dans le passé.

Tout le monde s'attendait à une suite depuis la fin du premier film mais moi j'y ai vu une fin qui nous disait seulement que les Indestructibles étaient repartis pour sauver la ville du démolisseur...

le 30 juin 2018

21 j'aime

12