La conversion au format cinéma de personnages créés pour des one-man-shows ou autres spectacles humoristiques n’est pas nouvelle : Brice de Nice 1 et 3 – le 2 s’étant fait casser – exploitaient le surfeur inventé sur scène par Jean Dujardin. Mais là où les films de James Huth pensaient cette conversion par et pour le grand écran, ceux des Chevaliers du Fiel oublient d’apporter quelque chose, pire de justifier le passage de la scène au cinéma en niant ce dernier au profit d’un emboîtement de sketchs peu drôles et mal rythmés, en fait rythmés selon une dynamique propre non pas à la comédie mais au spectacle comique.


Il n’y a pas de cinéma dans Les Municipaux, trop c’est trop : pas de mise en scène, pas de direction d’acteurs, pas de travail du son, de la photographie, de la musique. En lieu et place, une déclinaison en décors extérieurs et intérieurs de l’univers développé par Éric Carrière et Francis Ginibre : les vues de Port-Vendres, le bar, la mairie ont remplacé la scène noire de spectacle qui contraignait le spectateur à une figuration mentale de cet univers que suffisaient à animer les deux acteurs. En créant des images, en intégrant des décors en prise de vue réelle aux sketchs bien connus, en refusant de penser le comique par ces images ainsi fabriquées, le duo perd de son énergie burlesque et voit son propos politique et social se diluer dans des séquences mal fichues, elliptiques et laides, comme un pastis avec trop d’eau.


Quelques gags fonctionnent, à l’instar de la crèche religieuse revisitée en circuit SNCF. Mais l’impression qui prédomine ici est que les Chevaliers se sont fourvoyés dans le format choisi, et qu’en abordant le cinéma comme un simple médium à diffusion plus ample que les spectacles, ils sabordent d’emblée leur film et leurs potentielles ambitions.

Créée

le 13 mars 2020

Critique lue 355 fois

3 j'aime

Critique lue 355 fois

3

D'autres avis sur Les Municipaux, trop c'est trop !

Les Municipaux, trop c'est trop !
ROUB_ELDIABLO
1

Le rire lui aussi est en grève

Le « succès » des chevaliers du fiel reste pour moi un vrai mystère. Qu’on leur laisse en faire un troisième film après les tragiques « repas de famille » et le premier opus des municipaux montre...

le 18 juil. 2020

1 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14