Peut-être que l'Occident mérite d'être détruit...

Que peut-on faire face à un tel déferlement de talent ? Je suis encore ébahis par des blagues d'un niveau d'écriture d'une richesse encore inouïe... Je parle bien sûr de "la bouche du vizir sent le..." et là toute la salle retenait son souffle, toi aussi cher lecteur je le sais, tu veux savoir ce que sent la bouche du vizir... eh ben... elle sent le caca...


Autre scène digne d'un génie... Aladin interprêté par le merveilleux Kev' Adams doit trouver la lampe en hauteur, il a une corde qui se lèvre quand il joue de la flûte, mais dès qu'il arrête de jouer elle retombe... à ton avis comment va-t-il faire ? hein ? dis-moi ? Et là on a une vraie idée de cinéma, faut voir le film pour le croire, mais on la flûte qui pénètre le rectum d'Aladin, comme le poing de Daniel Tordjman s'insère dans le nôtre. C'est beau !


Bon trêve de flagorneries...


Si l'évocation de ces gags de génie t'ont fait rire, fonce voir le film tu es un crét... euh le public cible. Toute la fine équipe attend ton pognon.


Bon pour une fois je n'y suis pas allé pour me moquer, d'ailleurs j'ai remarqué que globalement je ne regarde pas trop les comédies françaises du genre (je ne me suis pas déplacé pour les profs 2 par exemple), mais là c'était particulier c'était une adaptation d'Aladin... et vu que la représentation des 1001 chez le sujet lecteur contemporain c'est un peu le sujet sur lequel je veux faire ma thèse... ben je suis passionné.


Et là dessus le film est très intéressant. Notons deux allusions aux 1001 nuits (bon Aladin n'est dans les 1001 nuits qu'à cause de son premier traducteur, mais bon... dans l'imaginaire collectif il en fait partie intégrante), toutes les ratées... la première c'est un récit enchâssé, la seconde au moment où Aladin négocie pour avoir ses voeux on ressort l'astuce du conte du génie et du pêcheur si je ne me trompe pas. N'allez pas croire que Daive Cohen, scénariste de cette merveille y ait pensé tout seul.


Alors si l'idée de base de faire d'Aladin un récit enchâssé où Sam est forcé de raconter l'histoire d'une manière bien plus contemporaine que Shéhérazade que remarque-t-on ? Que l'histoire se passe dans un centre commercial, qu'il s'occupe des gamins chiants pendant que les parents vont consommer. Il est forcé de raconter une histoire et propose Aladin au milieu de blanche neige ou de Iron Man... Disney a fait d'Aladin un bête "conte de fées" comme les autres. D'ailleurs le film reprend pas mal la structure du film Disney (bon pas totalement, mais il y a des grosses similitudes, dont l'arrivée en ville du "Prince Ali", absolument consternante dans ce film ci).


On assiste là à une sorte d'appauvrissement total du conte de base... on passe d'un des fer de lance de l'orientalisme à un banal conte de Noël... ah je ne l'ai pas dit... ça se passe à Noël... C'est dire à quel point Aladin pourrait être n'importe quoi d'autre.


L'autre gros problème étant que ça se passe dans un centre commercial, Noël pour toute la fine équipe qui est à l'origine de ce chef d'oeuvre, c'est le commerce... Étonnant non ?


Le film est dans la plupart du temps une vaste tentative de recréer le succès à l'origine d'Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, c'est-à-dire des anachronismes, des références à la pop culture... Alors sans vouloir défendre Chabat, mais bon, c'était un peu mieux fait... Là... ça sort de nulle part... mais de nulle part... hop une petite référence à la con et ça repart... et ça n'arrête pas.


Je veux dire que lorsque le personnage s'appelle itinéris chez Chabat on en fait quelque chose, c'est pas juste pour faire une blague, on le réutilise, etc. Là tu as un type qui se prend pour Gollum comme ça au milieu du film sans que ça apporte quoique ce soit... juste pour faire la blague, qui ne fonctionne pas car sortant de nulle part et n'allant nulle part. Lorsque les Monty Python font une connerie, ils la tienne la connerie... "the castle of arrrggghhhhh" ça dure des plombes, tout le monde surenchérit et ça amène à quelque chose. Là non... Une blague et pouf plus rien...


Je tiens cependant à avouer que j'ai souri, parce que je l'aime bien Jean-Paul Rouve et le voir blasé au possible et anormalement sérieux dans cette merde, ben c'est plus marrant que les autres qui sont dans l'outrance, lui il est dans les petits gestes, les regards... et même ses gags sont écrits pour lui, pour le comique des Robins des bois dont on retrouve un tout petit peu de sa substence, du coup ça passe mieux qu'un Eric Judor qui est à fond dans ce navet fini.


Attention... je ne dis pas que tous ses gags sont drôles... mais bon le voir regarder sa montre au XIème siècle je trouve ça plus fin que les gags de pets... (oui il y en a... Adam Sandler sort de ce corps).


On a une vaine tentative de refaire une petite blague façon Edouard Baer dans Mission Cléopâtre... échec cuisant...
Ils ont vraiment tout pompé, pas une idée originale. Ce qui est un temps soit peu consternant surtout lorsqu'on lit que Kev' Adams préfère faire dans la qualité ! D'ailleurs il faut noter que William Lebghil est bien plus doué que lui... Bon là ça ne se voit pas... forcément...


Autre fait marquant on a à un moment le génie qui va présenter la démocratie au peuple de Bagdad... Humour tout à fait funeste lorsque l'on sait que l'Irak était un état stable avant qu'on tente de leur apporter... Tout comme tous les autres pays africains ou du Moyen-Orient où on a voulu apporter la démocratie... Mais comme disait BHL : "les printemps arabes c'est bon pour Israël"...


Saluons donc le génie de Daive Cohen auteur pas du tout intéressé de cette séquence magnifique.


Bref un film plus politique qu'il n'en a l'air, que ça soit dans sa volonté de prétendue "non politique" alors qu'à côté on a un Portugais qui reprend le titre des Milles et une Nuits ainsi que sa structure pour dénoncer, ici on reprend un de "ses" contes pour abrutir... Gageons que ce n'est qu'un accident de parcours pas du tout voulu par monsieur Daniel Tordjman producteur de ce bijou...


Il y a clairement un moment où il faut appeler un chat un chat... C'est de la merde abrutissante... Montrant un Bagdad numérique alors que tous les vestiges de ce qui pouvait rester à cette région du monde sont actuellement détruits soit par l'armée américaine lors de la guerre en Irak... soit par Daech...

Moizi
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le 15 oct. 2015

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Moizi

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