"La même chose est arrivée à Santa Cruz!"*
Les Oiseaux constitue un film relativement lent, très visuel et presque minimaliste malgré ses effets spéciaux. Plutôt que la peur, c'est une tension sourde qu'il évoque petit à petit chez le spectateur, à l'image des corbeaux qui se rassemblent, toujours plus nombreux, devant l'école de Bodega Bay. Ici, les battements d'ailes se substituent à la musique, pratiquement inexistante. C'est un film tout en sobriété, seulement troublé par les attaques espacées mais dont la virulence va crescendo. Vous ne saurez pas pourquoi les oiseaux sont devenus aussi agressifs. "I think that you're evil! EVIL!"
Le film a tout de même un peu vieilli, ce qui est particulièrement visible lors des scènes d'attaque des oiseaux, notamment en extérieur et dans le salon - tout en faisant mieux que bon nombre d'effets spéciaux numériques d'aujourd'hui. Un sentiment de vacuité peut aussi être de la partie : on ne se rend pas compte quand le film commence et il ne finit pas. Pas de conclusion, pas d'explication. Oh, il y a bien un ivrogne qui clame que c'est la fin du monde, et une ornithologue pour nous rappeler que l'homme est la seule créature réellement destructrice. Mais rien de plus. "I think that you're evil! EVIL!"
Néanmoins, Les Oiseaux est une oeuvre d'une certaine classe, qui parfois dérange subtilement ("I think that), notamment dans la grande ressemblance entre la mère du héros et l'héroïne dont il s'entiche (you're evil!) et même impressionne lorsqu'à la nuit tombée les hordes de mouettes et de corbeaux assiègent la maison et recouvrent les dunes éclairées par le clair de lune (EVIL!").
*En 1961, soit deux ans avant le film, une pluie d'oiseaux désorientés s'abattait sur Santa Cruz. Une fois le calme revenu, les habitants purent sortirent de chez eux pour constater que des dizaines de volatiles mourant jonchaient les rues. La cause : une intoxication alimentaire qui avait attaqué leur système nerveux. Dans le film, un homme fait une discrète référence à ce fait réel (dont on ne connaissait pas la cause à l'époque).