Jacques Audiard, l'un des pires cinéastes à connaître une incompréhensible reconnaissance critique (et publique) a encore frappé. Deux heures d'ennui tiède, de clichés romantiques ridicules, de représentation vaine du vide existentiel (sans que ce vide démentiel de la "vie moderne" ne soit jamais une gêne pour Audiard, visiblement), avec des allures de (très) fausse Nouvelle Vague, avec des images sexy qui ne montrent rien et mentent sur tout, et un refus obstiné de parler d'aucune manière de la réalité sociale et économique de la France de 2021, du Paris de 2021, du XIIIè arrondissement de 2021, du quartier des Olympiades de 2021.


Pendant que je comptais tristement les minutes qui s'écoulaient alors que des gens sympathiques, mignons, sexy et égoïstes faisaient des trucs à l'écran, je repensais tour à tour à :


1) Eric Rohmer qui, avec le même décalage d'âge pourtant que Audiard par rapport aux garçons et aux filles qu'il filmait, réussissait à saisir ce que c'était qu'être jeune, perdu, désœuvré, sexy, amoureux, désemparé dans les années 80. Et avec de VRAIS mots, et sans l'affèterie prétentieuse de cette fameuse technique dont se gargarise Audiard. Et du coup, je réalisais encore plus combien le cinéma français - le vrai cinéma français, qu'on ne voit plus guère dans les salles depuis un moment - avait perdu.


2) Jia Zhangke (... association d'idées sans doute du fait de la Chine) qui, dans tous ses films magnifiques, a filmé la déshumanisation de son pays s'urbanisant et se "tercérisant", et l'abîme dénué de tout sens dans lequel se perdait désormais la jeunesse chinoise. Et cette référence rendait encore plus vain à mes yeux ce faux tableau d'une époque à laquelle Audiard, visiblement ne comprend rien, trop occupé qu'il est à "faire l'artiste".


Sinon, je le répète, les acteurs sont bien, ils sont charmants et mignons, et prennent bien garde de faire ce qu'on leur dit de faire, sans que rien ne déborde jamais. Et puis on est content de voir Jehnny Beth, même si on la préférerait sur scène, à jouer du rock'n'roll avec ses Savages.


[Critique écrite en 2021]

EricDebarnot
3
Écrit par

Créée

le 14 nov. 2021

Critique lue 1.4K fois

17 j'aime

5 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

17
5

D'autres avis sur Les Olympiades

Les Olympiades
takeshi29
8

« Un amant exceptionnel ne peut faire qu'un mauvais mari. » (Audiard, mais pas le fils)

Ce que j'aime particulièrement chez Jacques Audiard est sa faculté à se balader de genre en genre, à ne jamais faire le même film. Et ici, dès les premières images, on comprend qu'encore une fois il...

le 5 oct. 2021

104 j'aime

2

Les Olympiades
Sergent_Pepper
8

Déflagrations de dépendances

Après le détour par un classicisme à l’américaine avec le western Les Frères Sisters, Jacques Audiard s’associe aux scénaristes Céline Sciamma et Léa Mysius pour l’adaptation d’un roman graphique...

le 3 nov. 2021

73 j'aime

5

Les Olympiades
Specliseur
8

Un film hybride et cohérent

Le cinéma de Jacques Audiard est constellé de collaborations riches et fructueuses. Les Olympiades ne déroge pas à ce constat mais le cinéaste a opté pour un renouvellement majeur en choisissant...

le 5 nov. 2021

53 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

185 j'aime

25