Les pleins pouvoirs…D’emblée le titre-choc. On s’attendrait à une manipulation grandiose, dans la veine de « Mémoires de nos pères » ou « l’Echange ». Il ne s’agit pas vraiment de cela ici, ou alors on fait tout pour ne pas en rajouter côté complot. Cela dit, on peut qualifier Les pleins pouvoirs de film pouvant être regardé de différentes manières. Je ne dis pas, comme on peut l’entendre parfois, différents niveaux, car lorsqu’on dit qu’une œuvre peut être vue à un niveau supérieur, les gens ont tendance à croire qu’elle est parfaite sous touts rapports, contenu, style, ect…Or ce n’est pas toujours le cas, en littérature le meilleur exemple est Philip Roth, dont certains livres peuvent êtres très profonds, sans pour autant renfermer des qualités stylistiques remarquables, au cinéma la même chose peut être dite sur le Lars van trier des mauvais jours .
Pour en revenir à notre film eastwoodien, prenons les choses comme elles se présentent. Luther Whitney ( Clint Eastwood) est un voleur de tableaux de grande valeur, ayant également la faculté de transformer son apparence de manière à ne pas être repéré. Un soir comme un autre pour lui, alors qu’il s’apprête à dépouiller un homme riche de Washington il surprend le président des Etats-Unis ( tout peut arriver dans ce métier) et ses collaborateurs, qui vont être amenés pour des raisons qui importent peu à assassiner l’épouse du riche propriétaire.
Luther parvient à se sauver, non sans avoir attiré l’attention sur lui, excusez du peu.
Donc on a tout vu dès le début, on sait qui a fait quoi, pas d’énigme à la clé. Certes, mais c’est ce qui fait que nous jubilons presque à voir les personnages qui eux ne connaissent pas la vérité, à commencer par les membres de la police qui penchent tous pour la culpabilité de Luther à l’exception du lieutenant Seth Frank interprété avec sobriété par Ed Harris. Notre cambrioleur esthète, lui, décide cette fois-ci de ne pas s’enfuir, après avoir vu une allocution télévisée du président pleurant des larmes de crocodile sur « son ami mort ». Luther se rappelle également qu’il a une fille…Cette dernière est procureur…et le lieutenant Frank demande son aide dans l’enquête, elle l’accompagne donc au domicile de papa le hors-la-loi et découvre des tas de photos d’elle chez lui, mais elle n’en pense pas moins qu’il pourrait être le meurtrier recherché. Elle accepte alors de donner rendez-vous à Luther. Celui-ci se présente, déguisé comme le faisait Jaques Mesrine, avec sans doute la crainte d’être arrêté mais aussi le désir d’aider sa fille à établir la vérité. On peut croire que ce petit flottement dans sa vie de cavaleur éternel lui fasse oublier que les sbires du président puissent être sur ses trousses avec l’envie de le descendre, ce qu’il essayent de faire en effet, mais le roi de l’illusion arrive à s’échapper, laissant sa fille aux bons soins du lieutenant Seth Frank et de son équipe.
Comme la mise en scène est bien huilée, le film se laisse voir grâce à l’image, pas aussi travaillée que sur « Bird » ou « Jugé coupable » mais ça passe. Le film atteint son point culminant lorsque l’on tente d’assassiner la fille de Luther, là Monsieur se fait justice lui-même, (qu’attendre d'autre de la part d’un hors- la-loi) et il aide le milliardaire californien à venger sa femme sans se faire prendre, au moyen d’un procédé certes quelque peu difficile à comprendre ( à moins que les fans de Hitchcock puissent nous aider).
Cette histoire pourrait très bien se passer, un homme qui se croit invincible commet un forfait, et c’est un homme vivant dans l’illégalité qui rend justice à l’épouse assassinée. On peut clairement voir dans ce film une critique de la violence comme fondement de l’Histoire aux Etats-Unis, et on croit deviner que Luther va enfin se caser aux côtés de sa fille, rédemption donc, mais qui n’est forcément liée aux engagements politiques de Eastwood ( à droite), vu que de nombreux films de réalisateurs classés très à gauche sont dans la même veine, « La dernière marche » de Tim Robbins pour ne citer que lui….
En Conclusion, Les pleins pouvoirs est tout simplement un bon Eastwood, dans sa meilleure période ( du début des années 80 juqu’à la fin des années 90, mais pas le meilleur dans le lot assurément.) Dommage que la note 7.5 n’existe pas…