Interview confession d’un connard qui tape dans les murs et se fait mal aux doigts à chaque fois.
Franchement je sais ce que vous allez dire, vous allez dire que, oui, et vous aurez raison hein, je kiffe les films de prisons. Je suis une petite salope en manque de sensations fortes mais dès qu’on fout des types derrières des barreaux et des caméras devant, je fonds comme une praline sur le cul de la pute que tu ne verras pas dans ce film.
Alors ouais, c’est sur, après Oz ou Un prophète, c’est chaud de faire un bon film de prison mais bon voilà, MacKenzie quoi, et c’est le mec, tu sais.
Dans cette heure quarante cinq, tu retrouves un peu tout ce qui fait le charme subtile de ce genre de films. Et rien ne manque et surtout pas le message qui t’en fout plein la gueule en disant que les prisons c’est vraiment de la merde pour réinsérer des délinquants et même si y’en a qui essayent, finalement, les pires sont pas forcément derrière les barreaux. Mais ça on le savait. Le film passe pas à côté et on peut quand même dire merci.
L’originalité ici, c’est bien que le fils se retrouve confronté au père. Mais c’est un fils sans éducation, une sorte de bête sauvage qui a tout à apprendre à part filer des pains. Il a eu une enfance de merde et la prison se pose plus comme une conséquence finale, la fin du tableau, plutôt qu’une nouvelle porte vers un avenir radieux.
Ouais, les rapports père fils aussi me font fondre et vraiment y’a rien à retirer de ma petite personne qui roule des mécaniques et jubile derrière son écran. En plus Jack O’Connell, le jeune héros violent qui veut devenir adulte, mais comment faire sans parents pour valider ou à qui s’opposer merde, c’est le mec des saisons 3 et 4 de Skins. Allez, crache moi à la gueule j’ai vu Skins et — jusqu’à un certain point — j’ai aimé comme une adolescente prépubère. Il jouait déjà le petit violent à l’éducation pourrie, on se refait pas c’est sur, il a la tête de l’emploi, lui et son accent anglais imbitable mais son père, Mendelsohn, lui file superbement la réplique jusqu’au bout. Ils sont maladroits mais pétris de bonnes intentions. Dans l’ensemble, le casting tient la route comme il faut jusque dans les personnages secondaires.
On aurait peut-être pu filer un peu plus de présence à ces persos charismatiques d’ailleurs, les seconds couteaux du groupe de parole, le bénévole qui veut les sauver et les autres qui ne font que passer. Il aurait fallu rallonger un peu. Y’a pas assez de temps, clairement, mais vaut mieux ça qu’essorer des serpillères premier prix qu’absorbent que dalle.
On devient claustro pendant ce film et on se surprend à apprécier les rares moments de tendresse. Parce que c’est le mec, MacKenzie, c’est son truc de faire ressortir les émotions de mon petit corps de lope, il l’avait déjà fait brillamment avec Perfect Sense. Bon ça va, j’ai adoré Perfect sense et moi qui n’ai ni coeur ni sentiments en général, je suis resté scotché après la fin du générique et je sais que je suis pas le seul, les mecs se reconnaîtront même s’ils sont pas fiers d’eux. Et MacKenzie refait un peu le coup là dans une version plus sombre et violente — mais pas tant que ça en fin de compte — et aussi plus virile et amicale. MacKenzie fait ressortir les feelings de ceux qui n’en ont pas parce qu’on est tellement au-dessus de ça.
Donc, à l’image de Perfect sense, dans sa catégorie, loin malgré tout d’Un prophète, Les poings contre les murs (Starred Up, un jour faudra qu’on m’explique comment en partant d’ici on est arrivé là avec la magie de la traduction tu vois) boxe comme un petit champion, une version accélérée et optimiste, dans une certaine mesure, d’Oz. Et un match de cette qualité, c’est plutôt cool.