Du Gilliam/Gondry commercial? Avec rêves-éveillés d'enfants(un gros&un petit/pancha&Don Quichotte)

Deux enfants handicapés s'entraident, s'amusent et apprennent de chacun.

Pour être plus court que mon blah-blah ci-dessous, j'ajoute au dessus que le film m'a surtout fait plaisir car il m'a rappelé ma jeunesse; alors, sa note n'est pas scientifique ou cinématographique du tout.

Il m'a soudain rappelé que très enfant, j'avais aussi eu un camarade de jeu dans mon quartier, handicapé et à béquilles, mais hyper doué, notamment en informatique (une sorte, à mon échelle, de mini Elijah Price « petit Bonhomme qui casse » dans les Shyamalan)...

Alerte autre digression: ...et c'est devant la maison de ce voisin à béquilles, qu'on entendit un jour son père chanter en été sous la douche...un couple de leurs amis passant et visiblement connaissant bien la maison, dit au gnome et à sa mère: "oh il est heureux ton papa"...ce à quoi le mari passant ajouta dans sa barbe, mais je l'entendis très clairement sans trop comprendre: "...il est surtout en manque"...

Car le père de l'avorton chantait ce que j'apprendrai plus tard être du "Serge Lama...Je m'en vais voir les p'tites femmes".

Les adultes parlent parfois devant des enfants sans croire que ces gnomes inattentifs sont les yeux et les oreilles des lieux...que leur perception et enregistrement dépassent ce qu'ils semblent regarder ou ne pas avoir l'air de regarder. Et c'est le sujet clé du film: le père joué par James Gandolfini (effrayant) , réalisé que son fil neu neu et inattentif, ne l'était pas tant que cela et a une très bonne mémoire, au moins photographique...même si c'est l'âge et la sagesse qui finalement donneront du sens à ces images et infos du passé. L'enfant revisite ses souvenirs, dans son cinéma intérieur, comme un peu quand on revisite et revoit un film qu'on avait pas aimé ou compris dans notre jeunesse.

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J'ai tenté ce film au hasard sur la chaîne Paramount pour la présence de la si juste et belle actrice Gena Rowlands puis je découvrais au cours du film une distribution tout aussi enchanteresse: Meat Loaf..., James Gandolfini, Harry Dean Stanton mais surtout, sur-tout, Gillian Anderson, dans un petit rôle mais clé.

Je n'avais pas de suite remarqué que le Gilbert Grape handicapé physique était joué par le petit con de Roman Roy si 'drôle' dans la série Succession, un décidément doué Kieran Culkin.

Kieran Culkin joue un gnome plein d'humour dont la vie est réduite par une maladie orpheline incurable ("Morquio's Syndrome"?) .

J'avoue qu'il m'a bien fait rire quand il pointe du doigt un infirmier et qu'il l'appelle 'Spock', car on réalise alors soudain avec ce prisme que ce pauvre acteur lui ressemble en effet (je n'ai pas trouvé le nom du figurant).

Le petit Freak Humain rencontre Elden Henson, un géant neu neu harcelé à son école.

Le petit mentor partage comme sur SC ses passions pour entre autres les inventions de Leonardo da Vinci et des histoires de chevaliers (on aperçoit aussi qu'il a lu 'Ivanhoé' de Walter Scott).

Les deux s'épauleront pour apprendre et se défendre.

S'épauleront d'ailleurs littéralement dans une belle scène de feu d'artifices et

surtout de portage sur le dos à califourchon comme je les aime et liste.

Le réalisateur réussit à être commercial et agréable sur un sujet très cher à Terry Gilliam: le pouvoir de l'imagination et des rêves éveillés d'enfants et leur fuite de leur réalité parfois sordide dans le virtuel , ici auto-créé.

Gilliam faisant moins de concession à la facilité narrative, ce film me rappelle quand même son pénible mais émouvant 'Tideland' ...Tideland reste quand même plus dur à revoir alors que ce The Mighty sera plus facile (alors que dans les deux, nous sommes invités dans l'imaginaire d'enfants).

Les Laurel et Hardy de Chelsom se croient dans les chevaliers de la Table ronde alors qu'en pleine ville,

la belle et la bête de Gilliam se croient dans le sous marin du capitaine Némo, alors qu'en pleine campagne.

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Après avoir aimé le film, je découvre que son scénariste a aussi travaillé sur un film méconnu de Michael Cimino que j'avais aimé, Sunchaser: qui est justement aussi sur deux personnages très différents, dont un est aussi quasi condamné, et qui vont finir par s'entraider et apprendre l'un de l'autre.

Charles Leavitt, n'est pourtant pas l'auteur des romans inspirants ces deux films aux sujets similaires.

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La coïncidence veut que je venais de justement rencontrer par BD interposée, un courageux aidant, ayant travaillé de nuit dans une maison de repos pour handicapés lourds; Yann Dégruel dans

Les Veilleurs me résumait déjà ce film:

« On peut penser que les personnes handicapées vous font perdre notre temps, qu’elles ne servent à rien. Mais on peut aussi penser que ces personnes nous font voir le monde selon un autre prisme que le nôtre, une autre vision de la vie, un autre regard »

Créée

le 6 févr. 2024

Modifiée

le 8 févr. 2024

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PierreAmo

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