We can be famous, like the Dalton Brothers! — They're famous... but they're just a little bit dead.

La structure narrative correspond "presque" à celle de The man who shot Liberty Valance : c'est en se rendant à un enterrement de leur mère que trois (voire quatre) frères commenceront à en savoir un peu plus sur son histoire. Point de flashback ici, tout s'écrit au présent, à mesure que la fratrie progresse dans la brume des incertitudes : avec l'arrivée du grand frère incarné par John Wayne, tout s'éclaircit progressivement avec l'aide de la poudre. C'est un drôle de western que Hathaway tourna l'année après Le Plus Grand Cirque du monde : j'aurais parié sur quelque chose de beaucoup plus original, beaucoup plus "fin d'une ère". Mais six ans après Rio Bravo, qui voyait déjà réunis Wayne et Dean Martin dans un rôle de marginal, il y avait encore de la place pour les archétypes du western, semble-t-il.


Wayne écrase globalement toute la concurrence, au sens propre comme au sens figuré : on a bien sûr droit aux bastons cordiales entre frangins, et aux bastons plus engagées avec les sales types du coin. Des répliques cinglantes, aussi, quand un de ses frères l’interpelle : "We can be famous, like the Dalton Brothers! — They're famous... but they're just a little bit dead. They were hung!". L'histoire tente tant bien que mal de dissimuler son manichéisme, et elle y parvient parfois (notamment à travers le portrait du Duke himself), mais on ne peut pas dire qu'il s'agisse là d'un modèle de nuance. Le méchant est clairement identifié dès le début, sans qu'aucun doute ne soit permis. Ce qui est plus progressif, c'est la découverte de la vérité qui entoure la mort de leur père, dans des conditions vraisemblablement troubles, et la vie de leur mère avant qu'elle ne meure, beaucoup moins idyllique que les frangins ne le pensaient, avec la figure récurrente du rocking chair comme objet commémoratif.


Dommage que tout cela s'enfonce dans le magma classique du genre, pétri d'honneur, de vengeance et de rédemption, la sainte trinité du western classique. C'est la célébration des valeurs familiales, même si on peut noter une certaine diversité dans le carcan initial, entre le grand frère grand baroudeur, le jeune promis à des études vectrices d'ascension sociale, et un autre vaguement hors-la-loi. Autant dire que mis à part Wayne et Martin, le reste de la fratrie n'a que très peu de place pour exister et faire exister sa mauvaise réputation. Quelques seconds rôles rehaussent l'intérêt de manière épisodique, entre le fils lâche du notaire interprété par Dennis Hopper et un tueur à gage sous les traits de George Kennedy (qui se prendra une correction monumentale à base de coup de batte dans les dents). Entre une scène d'attaque sur (et sous) un pont bien menée et un grand frère ressemblant plutôt à un grand père (John Wayne avait presque 60 ans), on ne s'ennuie pas vraiment au milieu d'une trame pourtant très classique.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Quatre-fils-de-Katie-Elder-de-Henry-Hathaway-1965

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le 21 mars 2018

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Morrinson

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