Adaptations

Ce film illustre bien ce que je pense du mélange de culture. Lorsque des gens débarquent sur une nouvelle terre, il me paraît évident que ces gens doivent s'adapter au pays d'accueil, à ceux qui l'habitent déjà ; imposer sa culture en arrivant ailleurs, c'est une forme d'invasion, c'est agressif. Mais ce n'est pas tout, cette adaptation n'est pas à sens unique : le pays d'accueil doit lui aussi changer sa façon de voir les choses, tenir compte des nouveaux venus, de leurs coutumes. La culture d'un pays vit au travers de sa population, dépend de sa population. Si la population change, la culture change. De toutes façons, une culture qui ne change pas est vouée à la mort. Cela me rend donc un peu triste quand je vois des immigrés qui ne veulent pas s'adapter mais aussi quand je vois des autochtones qui refusent de changer des codes, ignorant par là l'arrivée de nouvelles personnes issues d'autres pays. Evidemment, nos médias véhiculent principalement des images négatives : ce que l'on ne pourra plus faire à cause des nouveaux venus (en les montrant du doigt). Alors que ce qu'il faut voir, c'est ce que ces gens peuvent apporter. Evidemment, ça ne saurait être aussi évident que dans ce film-ci, mais il est certain que des nouveaux venus peuvent apporter des choses propres à leur culture qui nous sera bénéfique. Et je trouve dommage que les gouvernements ne montrent pas l'exemple. Soit.

J'aime beaucoup les thématiques du film. Malheureusement ça ne va pas assez loin. On se doutait bien au vu des enjeux posés (deux hommes bons pour une femme) que l'un des héros mourrait : pour les besoins de la thématique, les auteurs se sont trompés de personnage, hélas. De même qu'on ne sent pas assez l'évolution du côté des indiens et que la romance est à nouveau orienté&e vers le mauvais personnage.

Toute l'intrigue n'est pas assez poussée dans le bon sens. Avec ce qui est posé là, il y avait matière à développer une véritable tragédie. Malheureusement c'est mollement développé, l'on parle beaucoup pour exprimer les sentiments des personnages, mais ça ne se ressent pas assez. Le combat contre les méchants envahisseurs aurait aussi mérité à être mieux développé. Les personnages aussi : qu'ils soient bavards ou taiseux, ils ne parlent pas beaucoup, ils ne montrent pas assez qui ils sont. D'ailleurs le choix de l'héroïne par rapport à la romance ne tient pas la route ne fut-ce que parce qu'on ne connaît pas assez les personnages (surtout l'heureux élu).

Mais ça reste beau et touchant, suffisamment bien construit pour qu'on ne s'ennuie pas. Il y a du spectacle, il y a des personnages, il y a des réflexions philosophiques intéressantes. Tout cela est sous-développé, oui, mais ça fait du bien de voir un film pensé en grand qui ne soit pas une coquille vide.

La mise en scène est plaisante. L'utilisation de décors réels apporte beaucoup de charme, surtout lorsqu'on voit que ce sont de vrais figurants et non pas une dizaine démultiplié numériquement. Lors de certaines scènes, le chef op' a pu se faire plaisir avec la photographie : de jolis contrastes, une belle utilisation des ombres qui amènent tout de suite plus de cachet. En plus les acteurs sont bons et beaux, aidés par leurs costumes en plus de leur corps. Le découpage fonctionne globalement ; ça manque certainement d'une patte, de choix plus marqués, mais ça reste du bon boulot de technicien. Les combats sont un peu brouillons, manquent aussi de ce quelque chose qui les rendraient uniques.

Bref, "Kings of the Sun" est un chouette petit film. En plus c'est pas si souvent qu'on fait un film sur les Mayas (dommage cependant que ça ne se déroule pas très longtemps dans leur pays).