Les Roseaux sauvages par Alexandre Katenidis

Au début des années 1960, dans un village du sud-ouest, une famille tente d’oublier les effrois de la guerre d’Algérie finissante. Parmi les deux fils de famille, Serge termine ses études secondaires, quand Pierre, appelé par l’armée à participer aux combats, épouse la première venue, pour obtenir une semaine de permission et tenter la désertion. Malheureusement, malgré des appuis, notamment de Maïté, professeure communiste, il retourne au front, pour mourir dans le djébel. Serge peine à préparer son bac, auquel l’aide son camarade François, qui finit par découvrir son homosexualité à son contact. Pendant ce temps, François, jeune pied-noir, arrive en cours d’année pour passer l’examen. Dans ce tourbillon de tourments, chaque personnage décide d’assumer ses convictions et fait assaut de lucidité sur une époque peu enviable et des rapports sociaux penchant vers l’hypocrisie.
Cette enquête sociale est traitée de manière intimiste et engagée, avoisinant tour à tour le documentaire et la saga familiale.
Cette étude sociale intimiste permet tant de s’attacher aux personnages, par leurs tourments, engagements, moments de bravoure, que de se pencher sur le climat de cette fin de guerre d’Algérie, avec sa complexité, ses blessures, de manière réaliste et lucide. Ce film est d’autant moins vain qu’il reste délicat tant d’analyser un épisode de l’histoire restant tabou que de se pencher sur l’intimité de personnages, de plus mineurs. La franchise et le dialogue permettent étonnamment de pratiquer l’exercice avec délicatesse.